Ouille ! ça mouille ! - 5em jour du mer

Herve et moi sommes tous les deux sur le pont à la manoeuvre, attachés à la ligne de vie par notre harnais de sécurité; Papadjo gite à mort sous bon vent de bout de 15 Nds et plus. Déjà Hervé a réduit la grand voile au deuxième ris ainsi que le génois. Nous sommes sur le pont pour ranger et amarrer le tangon laissé en attente dans le petit temps et pour installer la trinquette. Des paquets de mer nous inondent tandis que nous manoeuvrons, une mer chaude, bien salée. Le vent se met à forcir encore; Le taud de trinquette est enlevé mais on ne se décide plus à l'installer. Ca y est, le bateau a pris de la vitesse, ce qui ne lui était pas arrivé depuis des jours; ce trajet -panama Galapagos- est plein d'embûches : d'abord, se dégager de la baie de Panama. Ca, nous l'avons fait prestement avec un superbe vent du Nord. Ensuite, avancer avec du vent portant sans contre-courants. Alors là, cela n'a pas été simple. Du vent portant, nous en avons eu, mais très faible et ensuite nous  a
 vons rencontré du contre-courant; autant dire que c'est comme mettre le bateau dans un filet invisible qui stoppe son élan. Papadjo n'avait plus d'allure et malgré l'appoint du moteur se trainait bien en dessous de quatre noeuds.
Si la distance est courte, pas de problème. Mais sur une telle distance avec une réserve de carburant épuisable, cela fait réellement souci. 
C'est aussi l'année du nino,un courant chaud qui remonte au large de la côte du Peru et vient perturber toutes les données habituelles.
Notre vent du Sud persiste. Nous pensons avoir dépassé le pôt au noir, zone de temps variable et orageux avec de la petole a revendre. Nous nous sommes degages des contre-courants; bien sûr, plus rien n'est confortable dans un bateau qui gite. Mais l'espoir est revenu et la route diminue.
De magnifiques oiseaux ont tournoyé ce matin au-dessus du Papadjo. Un couple : lui, tout gris et elle toute blanche comme neige avec, suprême élégance, un petit feston noir sur le bord des ailes blanches. Le poisson ne mord plus. Nous restons nostalgiques d'avoir blessé l'espadon; on ne devrait pas toucher à certaines espèces. L'espadon comme le dauphin représente la magie de l'océan et des grands fonds tout comme le lion, la panthère et la girafle personnifient celles de la brousse.