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Les aventures du Papa Djo

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13 janvier 2015

CHEZ ROSI/AO CHALONG BAY

AO CHALONG/SOIREE D ADIEU CHEZ ROSI

    A notre première venue dans la baie d'Ao Chalong de Phuket où se trouve le centre d'immigration et après les longues et fastidieuses procédures d'entrée du Papa Djo, nous avions besoin d'un bar où nous poser. Déambulant sur le front de mer, nous nous sommes arrêtés par hasard, chez ROSI, un petit bar bien coquet, bien propret, donnant sur la plage bordée de palmiers. Nous nous sommes tous trois juchés sur de hauts tabourets en bois avec dossier et la serveuse a déposé trois bières sur une rondelle de bois vernissée servant de table. Suspendus en devanture de petits gling glings tibétains qui chantonnent à la brise, acrochés au mur des envolées d'oiseaux en bois sculptés et au plafond de vrais nids d'oiseaux.
Patrick fait une inspection du fond du bar et découvre la douche maison entièrement carrelée et d'une propreté impeccable. Il faut savoir qu'en Thailande, les toilettes peuvent se doubler d'une douche ou d'un grand bac avec une puisette qui permet de prendre une douche.
Notre ami Patrick sait dénicher toutes ces commodités et il emporte toujours avec lui son nécessaire à toilette.

Ne connaissant rien, ni personne, nous demandons des renseignements à la serveuse.
Elle nous dit que Rosi est son amie et qu'elle ne vient,elle, que de temps en temps pour lui rendre service.
- Comment vous appelez-vous ?
- MIAOU !
- Comment dites-vous ?
- MIAOU !
Nom d'une pipe, quel prénom !
- Eh bien, Miaou, pourriez vous nous renseigner? Nous cherchons un mécanicien.
- Pas de problème !
Et voici Miaou qui appelle un de ces amis Western. Elle le somme de venir au bar de Rosi pour nous renseigner. Ce simple service va nous permettre, le même jour, de tout trouver, l'atelier de mécanique qui va nous confectionner une nouvelle poulie pour notre alternateur, le shipchandler le plus proche, et les utilités comme coiffeur, masseuses, papeterie....

Le lendemain, nous nous pointons chez Rosi et c'est elle en personne qui nous accueille. Petite bonne femme adorable à la figure lunaire, aux yeux pétillants, toujours habillée quasi légère en mini shorts ou en robelette mini transparente. Au fond du bar, elle officie dans sa cuisine et concocte des plats thailandais délicieux. Hervé ne jure que par Rosi et cela a failli nous causer par la suite un souci de taille. Mais n'anticipons pas !
Le bar de Rosi n'est pas le seul de la rue de front de mer. Il y en a cinq ou six aussi. Yves, notre ami-navigateur, nous avait prévenu qu'il y avait des bars à filles dans AO Chalong. En fait, il y en a deux ou trois autour de Rosi. Le soir venu, ces jeunes filles à la tenue assez débridée, mignonnes pour la plupart, s'attablent avec de vieux westerns en quête de compagnie et souvent de chair fraîche. Chez Rosi, il n'y a pas apparemment ce commerce. Elle a toute une troupe d'habitués qui viennent pour son accueil, sa cuisine et sa bonne humeur.

Aussi, c'est chez Rosi que nous finirons par toujours revenir lorsque nous sommes en escale à AO CHALONG. Rosi devient notre QG.

Ainsi, pour notre dernier jour à Phuket, nous retenons une table à midi. Car après les formalités de sortie de territoire du bateau, nous comptons savourer une dernière fois les Massaman, green ou red curries de Rosi.

Vers les 9h du matin, départ pour le centre d'immigration et de douanes situé tout près du mouillage du bateau. Tout va très vite à l'immigration. Il n'y a que nous là où d'habitude il y a queue pour passer. Pareil aux douanes. Sauf que :
- Avez-vous les derniers documents de douane, Madame ?
Nous montrons les papiers reçus à la dernière entrée. Ce n'a pas l'air de convenir. Mais nous n'avons que cela. Aux douanes, le 15 Décembre, après une heure de queue et d'attente, nous étions repartis sans aucun papier d'entrée et nous nous en étions inquiétés auprès du préposé mais il nous avait signifié que nous pouvions partir ainsi.
Y aurait-il un lézard là-dedans ? Mais oui; Le type n'est pas d'accord pour faire la sortie. Je demande à ce qu'il vérifie que nous avons bien fait notre entrée en date du 15 Décembre; En effet, il retrouve dans son livre d'entrée le nom du bateau à la date donnée.
- Mais avez-vous bien fait l'enregistrement ?
- Oui, nous avons attendu une bonne heure avant qu'on ne s'occupe de nous.
- N'avez-vous pas donné ces papiers pour un autre bateau ?
- Nous n'avons pas reçu d'autres papiers que ceux que je vous ai présentés. Les papiers du bateau restent propriété du bateau.
 Ca devient un peu Kafkaien, l'histoire. Il faut garder son calme.

Le type prend alors son téléphone, appelle un supérieur qui fait des vérifications dans les archives au centre de PHUKET TOWN. Notre enregistrement est retrouvé. Ca parait tout bon maintenant. Mais non !

Le préposé me passe son supérieur.
- Madame, vous rendez-vous compte que nous ne pouvons pas faire la sortie de votre bateau sans
 l'original de votre enregistrement.
Alors là, ça devient un peu grave. Nous avons déjà le tampon de l'immigration sur nos passeports et si les douanes ne veulent pas faire la sortie, et si nous arrivons à demain...... et si ?
 
- Je suis désolée mais pour moi, tout est en ordre. Je n'ai pas reçu ces papiers et ne peux pas les produire.
- Alors, madame, il vous faut aller à la police, faire une déclaration de perte de votre enregistrement.
L'affolement perce chez moi.
- La police ? mais enfin, puisque le bateau est bien enregistré chez vous.
- Madame, vous devrez fournir une photocopie de l'enregistrement détenu au centre de Phuket Town pour avoir votre sortie de territoire à AO CHALONG;  Mais pour que nous vous la délivrions, il nous faut une déclaration de perte consignée par la police d'Ao Chalong.
Gardez son calme et ne pas contredire !!!!
- Entendu, Monsieur !

C'est alors que s'engage un duel entre le préposé d'Ao Chalong et nous.
- Monsieur, pouvez-vous me donner l'adresse de la police et du centre des douanes de Phuket Town.
D'autre part, il nous faudrait un papier de votre part expliquant dans votre langage ce qu'il convient de déclarer comme perte.

Le type se fait mou comme une chique. Il nous amène à l'immigration et explique l'affaire aux officiers d'immigration. Ceux là ont du mal à tenir leur sérieux devant cette situation. Ils ont l'air de penser.
QUESACO, cette affaire ! le bateau est bel et bien enregistré aux douanes et on va pourrir la vie de ces gens là en les envoyant à la police et après au centre des Douanes qui est à perpète.
Nous, on pense carrément qu'on est en plein processus de corruption.

Nous insistons : nous voulons un papier, nous voulons les adresses. Le type des douanes nous laisse à l'immigration. Je le poursuis dans son bureau.
- Monsieur, pouvez vous nous faire un papier pour la police s'il vous plait.
Devant ma détermination, il se met à écrire un petit texte. Il appose un cachet et me tend le tout et nous revenons ensemble à l'immigration.
- Monsieur, où se trouve la police ?
Pas de réponse.
- Monsieur, où se trouve le centre des Douanes à Phuket Town ?
Pas de réponse.
Les sbires de l'immigration ne veulent pas trop s'en méler.

Je prend alors la liste d'équipage où sont enregistrées les adresses de chacun. Je prend la nôtre.
- Vous voyez, Monsieur, nous, nous habitons 6, rue de l'Eglise à St Antonin..... France.
La police, le centre des douanes, ont une adresse aussi. Pouvez-vous nous indiquer où ils se trouvent.
C'est alors que Patrick tend une carte de Phuket. Les deux têtes de l'immigration et la tête des douanes se penchent sur la carte; l'un désigne un carrefour près duquel doit se trouver la police. Ils s'y remettent pour les douanes et calent devant ce gros problème.
C'est Patrick à nouveau qui trouve sur la carte où se trouve le centre. C'est écrit en toutes lettres sur la carte de la ville.  Incroyable mais vrai !

L'air affolé, la tête de Douane s'interroge.
- Et comment allez-vous y aller ?
Ca, mon pote, c'est notre affaire et on ne va pas te le dire. Tu veux nous faire CH....er. A nous
de nous réserver la manière.

Nous allons au petit Yacht club où nous avons pris un mooring. Nous  louons deux motos; le type du Yacht Club nous tend deux casques dont l'un a dû servir un jour à  un mineur de fond.

- Prenez toujours, nous dit-il, ça ne peut certes pas vous sauver la vie mais au moins vous echapperez à l'amende !!!!

C'est Hervé qui met le casque de mineur. AH! la rigolade !!

et en avant pour la police. Hervé a inscrit sur son I.Pad les itinéraires. Il n'y a plus qu'à suivre. J'enfourche sa moto, l'I.PAD ouvert sur son dos et Patrick suit.
La police n'est pas à moins de 10 mn. Qu'est ce qui nous attend là- bas ?
L'accueil est des meilleurs. L'officier de police interroge Hervé :
- Papa, qu'est ce qui vous amène ici ?
Je tend le papier. Le policier remplit illico un formulaire qu'il fait signer à Hervé. Cela n'a pas duré 5 mn et nous sortons avec le sourire.
En avant maintenant pour Phuket Town situé à 12 km de là.

Grace à l'I.Pad, nous finissons par dénicher ce fameux centre de Douanes où nous attend le sbire que je commence à bien redouter.
Nous entrons dans un grand espace où tout le monde est plutôt occupé à grignoter. Il n'y a personne devant les ordinateurs. Pourtant ce n'est pas encore l'heure du déjeûner.
Nous sommes introduits devant l'officier.
Je lui tend le papier de déclaration de perte de documents. Il s'en saisit. Alors on pense que tout va bien aller. Le voilà qui se plonge dans ses archives. N'avait-il pas déjà trouvé notre document puisqu'il nous en avait promis une photocopie ?
Il fait recherche sur recherche. On commence à bien s'inquiéter. Qu'est-ce-que cela veut dire ?
- Quelle date ?
- le 15 Décembre.
Les classeurs défilent.
- Quelle date ?
- Le 15 décembre; 1.... 5;

Enfin, en suivant des yeux les documents qu'il découvre les uns après les autres,  nous voyons le nom du bateau.
- C'est celui-là.
Il faut bien qu'il accepte l'évidence.
Il se saisit du papier. Et Là, le voilà qui se referme. Dieu ! que va-t'il se passer ?
- Vous comprenez, Madame, que c'est très grave, cette perte de papier.
Que veut-il que je lui réponde ? rien !
- La loi de notre pays punit cette infraction. Il vous faut payer 1000 baths d'amende.
Nous y voilà !
Hervé s'agite. Le type est mauvais.
- plutôt 1080 baths.
- Oui, oui, monsieur, nous payons. Nous payons immédiatement. Aucun problème .
- Ne voulez vous pas vous absenter pour le déjeûner ?
- Non, Monsieur, nous préferrons régler cette affaire immédiatement.
Patrick marmonne dans sa barbe que tout ceci a un air de corruption. Je sursaute. Le type a dû saisir le sens malgré la prononciation française. Du coup, il se fait fort d'exhiber par deux fois devant mon nez un reçu de la somme encaissée. Ouh !

 

Le voilà maintenant qui sort des imprimés. On croyait qu'il s'agissait que d'une photocopie !
ca dure, ca dure.
- Il vous faudra attendre une demie-heure. Le chef qui doit apposer sa signature sur les documents est à sa pause déjeûner.

Du coup, nous nous levons. Nous partons déjeûner aussi dans la gargote du coin. Hervé râle.
- Dire que nous devions aller chez Rosi !

Quand nous revenons, c'est encore des paperasses. Le moment de la signature arrive. Où est le chef ? Notre sbire se penche sur les documents et c'est lui qui les signe. Ah ! Ah !
Enfin, nous les avons. Patrick et moi, nous ne demandons pas notre reste et nous sortons. Hervé s'attarde et je l'entend parler de cuisinière bonne et mauvaise. Qu'est-ce-qu'il nous fait là ?
Quand il revient, il nous explique qu'il a rouspété auprès du sbire parce qu'il avait loupé un bon repas. Le type, au départ, a cru qu'il se plaignait de lui :
- Est ce que vous êtes en train de me dire que je suis un mauvais homme ?
Hervé a réussi à s'en sortir. OUF !

Enfin, tout est clair. Nous revenons à AO CHALONG; la sortie nous est accordée. On se donne rdv chez Rosi pour le soir.

ROSI LE SOIR/SOIREE D'ADIEU

Quand nous arrivons chez Rosi, il est vers les 7h du soir; Patrick est déjà là. Miaou aussi !!!
Rosi surgit pour nous dire bonsoir. Hervé lui raconte sa mésaventure aux Douanes. Nous rions tous comme des damnés. L'ambiance commence. Rosi nous propose de suite de nous faire à tous les trois le même plat. Super ! En fait, elle veut nous offrir le repas, ce que nous saurons plus tard.
Pendant que Rosi s'active en cuisine, Miaou nous sert les bières. Ce soir, cela va carburer plus que d'habitude car Patrick a prévu de faire un plein au Seven Eleven, en complément de la bière chez Rosi. Ne croyez surtout pas que c'est la consommation courante ! mais avec le plein d'émotions que nous avons eu et les adieux à Rosi-Miaou, il nous faut du remontant Chang-Léo (marques des bières locales).

Le soir est bien venu. Les lumières se tamisent. Miaou s'approche de nous et s'amuse comme d'habitude à plaisanter Hervé.
Ici, il faut s'attendre à toutes sortes de propositions. La veille au yacht club, j'ai surpris une conversation d'un genre particulier entre un Western dans les 60 bien passés et deux nanas thais, assises à ses côtés.
- Oh ! je sais, c'est 10 000 baths la journée.
- Oui ! mais vous pouvez changer de fille tous les jours.
Le type éclate de rire :
- Ah mais, je ne pourrais pas, vous ne voyez pas que je suis vieux !

Aussi, lorsque notre amie Miaou en est allée de ses propositions pour se moquer d'Hervé qu'elle taquine à chaque fois qu'elle le voit, j'étais bien au courant des tarifs.
La voilà qui commence :
- pour toi, ce sera 35O et pour Patrick 310
Hervé a l'air perplexe, il n'a pas l'air de comprendre de quoi il s'agit et je me surprends en train de traduire.
- Voilà, Hervé, pour toi, la passe, c'est 350 baths et pour Patrick 310;
Et soudain, je m'arrête net. Je regarde mon mari.
- Mais pétard, je suis en train de te traduire le tarif des passes.
Patrick et moi qui comprenons le comique de la situation, éclatons de rire ! ça alors, c'est quelque chose. Miaou qui est super contente de sa farce vient vers moi en riant et m'embrasse.
- Mais, Miaou, pourquoi 350 pour Hervé et 310 pour Patrick ?
je crois comprendre que c'est une question d'expérience plus pour l'un que pour l'autre.
Enfin, on rit franchement; Cette Miaou est une sacrée drôlesse. Elle sait comment vous aborder sur des sujets scabreux et jouer avec. Mais pour nous, ce n'est pas du business -enfin, c'est ce que je crois- c'est de l'amitié !!!!! AH ! AH !

Rosi arrive avec trois assiettes bien pleines et délicieuses. Nous n'arrêtons pas de plaisanter et de rire. Ah ! quelle soirée !
- Rosi, as-tu un dessert pour nous ?
Elle nous amène à la suite des crèpes thailandaise que nous nappons avec du miel. C'est délicieux.

Le moment de se séparer est venu. Rosi veut que nous ne payions que la bière consommée. Hervé insiste pour régler le tout. Je chipe à Rosi, avec son consentement, des porte-bière isothermes en souvenir. Nous nous embrassons tous et nous quittons.
Ah ! si vous allez à AO Chalong, ne manquez pas Rosi, et Miaou !!!!

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12 janvier 2015

NOUS SOMMES CHARLIE

Ici l'équipage du Papadjo, Hervé, Evelyn et Patrick.

Nous sommes tous les trois CHARLIE.

Nous regrettons d'être si loin de notre pays. Nous aurions voulu être avec vous tous le Dimanche 11 Janvier.

Merci à tous d'avoir manifesté pour les belles valeurs de notre démocratie, pour notre liberté et pour la sauvegarde de notre territoire.

9 janvier 2015

PHANG GNA BAY

PHANG NGA BAY

Il nous reste 4 jours avant le réveillon du jour de l'an que nous passerons à Banit. La célèbre PHANG NGA BAY, sorte de baie d'Along, est à explorer. Autant y aller ! les prévisions météo ne sont pas fameuses. Une dépression rôde autour de la Thailande comme elle le fait en Malaisie et en Indonésie. Tout le monde s'étonne à cette époque de l'année où la mousson du Nord-Est apporte normalement un temps sec, des vents établis donnant de la fraîcheur.

Nous partons de notre QG de Banit qui baigne dans un calme olympien, si bien protégé est-il des vents du Nord-Est. Nous dépassons Sage, le bateau de nos amis Tony et Connie,qui reste  là avec Marcello à son bord.

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Dans la passe, un vent de Nord-Est, bien de face, agite la mer. Plus nous avançons, plus ça creuse jusqu'à en devenir inconfortable. Qu'est-ce que cela sera en pleine mer ? pour l'instant, nous allons grand voile arisée et moteur.
Hervé veut attendre de prendre le bord qui nous conduira à la grande île de KO yAO YAI, avant de rebrousser chemin car les conditions actuelles de navigation, bout au vent, avec 14 noeuds de vent, sont rédhibitoires.
Nous devons doubler le premier rocher en vue pour prendre ce bord. C'est long, c'est fastidieux. Nous avançons tellement lentement qu'on le maudit, ce rocher qui ne bouge pas assez !!!

Enfin le bord est pris. Tout change. Nous sommes au près serré mais c'est faisable. La houle n'est plus contre comme avant. On se réjouit de ne pas revenir en arrière. Et après quelques heures de navigation, nous arrivons dans la belle baie de  AO Labu, baie sauvage où se multiplient les longues plages de sable fin et les mangroves d'où débouchent les Longtails des pêcheurs.

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Tiens, il y en a un qui vient vers nous. Chouette ! nous avons épuisé les kilos de crevettes, de calamars et de poulpe que des pêcheurs nous ont donnés le lendemain de Noêl.
On se prépare à le recevoir avec une défense près à être placée pour éviter les heurts d'un abordage. Le type est tout souriant quand il nous montre des crevettes royales. Ah oui, c'est bien tentant, mais à quel prix ? 1000 baths, mazette ! pour qui nous prend-il celui-là. C'est vraiment trop; On ramène à 4OO; il descend à 8OO. On tient les 4OO; il rabaisse à 7OO; et là, plus question de faire l'accordéon. Eh bien, tant pis ! on peut s'en passer; Je me remets dans mon hamac que j'avais quitté pour le "marché flottant" et reprend mon bouquin. Le pêcheur part. Hervé et Patrick reprennent leurs occupations. Mais, le voilà qui revient et qui insiste ; 700, 700.
KAPUMKA, mais non, c'est trop cher pour nous.

Le temps de la sieste est terminé. On voudrait bien maintenant aller explorer les grandes plages du fond de baie. Il y a cependant un petit problème de taille. Un espèce de gros nuage noir commence à obscurcir notre ciel bleu. Du vent se fait sentir par rafales puissantes. Patrick voit les plaisanciers du voilier d'à côté revenir vite à leur bord avec leur dinghy. La ligne blanche d'un gros grain se précise à l'horizon. Elle va venir sur nous. Tout est fermé à bord.
De fortes rafales prennent les bateaux. Papa Djo tient bien sur son ancre mais le voisin chasse et se raproche de nous. La pluie tombe drue et remplit nos réservoirs.
Quand cela se termine, il est trop tard pour aller à terre. Zut ! pas de belles plages ni de coquillages. Nous partons demain à l'aube pour une autre île, Ko Phanak.

KO PHANAK

A la pointe du jour, nous prenons notre petit déj devant une aube sereine qui répand sa luminosité sur toute la baie lissée de vert bleuté. Un pêcheur que nous avions vu déjà la veille vient nous proposer du poisson : deux petits poissons de roche. Je n'en veux décidément pas. Kapumka et bonne année ! l'homme comprend que je veux du plus gros.

Nous préparons le départ. Moteur est en marche. Hervé et Patrick sont à l'avant. Ils commencent à remonter l'ancre. J'entend un bruit de Longtail. Tiens, c'est le même pêcheur qu'au petit déjeûner. Il me montre un filet plein de poisson. Ca c'est mieux !
- Hervé, Patrick, arrêtez ! on a du poisson !
Cette fois, ce sont quatre poissons genre dorade. Ils remuent encore ! On discute prix et on fait affaire. Il y a de quoi manger pour deux jours et du bon !

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Cette fois, c'est le départ. Nous nous dégageons de la baie de l'île et nous dirigeons vers KO PHANAK, à quelques dix milles de là. Nous devons remonter Nord et le vent est Nordet. Encore du près. Mais cette fois, le vent est si faible qu'on ne peut pas parler de difficulté.
Au loin, on peut voir notre île qui fait parti d'un ensemble de pitons calcaires impressionnants. C'est une baie d'Along qui nous attend. La mer est lisse et reflète le bleu délicat du ciel tout en gardant un vert de mangrove. Tout est magnifique et apaisant. L'approche de l'île avec en arrière fond toutes ces formations calcaires aux formes variées est époustoufflante.
On mouille Papa Djo dans la partie sud de l'île près de deux autres voiliers. Et de suite, nous mettons la Nénette à l'eau. C'est marée basse, le moment idéal pour aller explorer les grottes sous-marines qu'on appelle "Hong" ici. Beaucoup, après un goulet obscur, débouchent à l'air libre. Le meilleur moyen de les repérer est de voir où sont ancrés les longtails chargés de touristes.

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Plus nous avançons le long de Phanak, plus c'est beau et impressionnant. Les hauteurs des falaises sont vertigineuses. Elles abritent des nids d'aigles. Au dessus de l'eau, la roche rongée par l'érosion s'est creusée et s'avance comme un plafond d'où pendent des stalactiques, comme autant de sculptures qu'un artiste aurait pu exposer; On passe dessous avec des exclamations de stupéfactions devant la beauté et la grandeur de tout cette oeuvre de la nature.
Bien plus loin que notre mouillage, nous découvrons enfin une anse toute pleine de longtails et d'autres embarcations qui dégorgent de touristes. Des canoés sont mis à leur disposition et on les voit pagayer vers un trou noir où ils disparaissent les uns après les autres. Une grotte marine !
c'est bon !
- Est-ce que nous avons amené une lampe torche ?
Eh bien, non ! ce que nous sommes stupides !
- On y va tout de même. Les autres pourront nous éclairer.
Ca, c'est ce qu'on verra.

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Pas question du moteur du dinghy. Bien sûr, on n'a pas prévu non plus de pagaie ! il ne reste qu'une toute petite rame qui sert aux manoeuvres d'approche ou de départ de Nénette. Mais les hommes désirent y aller.
C'est donc moi qui me met à genoux à l'avant et qui pagaie tribord-babord pour m'engouffrer à la suite d'un canoe dans le couloir de la grotte. Au début, tout est bien car on y voit. Mais il y a un méandre qui suit. Et là, l'obscurité saisit. Bien sûr devant, il y a de faibles lueurs provenant des lampes frontales des guides de touristes mais cela ne suffit pas à s'orienter.

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- Ah ! je fais demi-tour, maintenant que je peux voir encore quelque chose.
Cependant, c'était sans compter sur le courant montant. La Nénette qui décrit un large virage vers la sortie se trouve projetée vers la muraille dans l'obscurité. On sent des roches dessous. Il faut s'en sortir coûte que coûte, contre ce noir et ce courant. On se dégage de la paroi et rame Evelyn, rame !!!
Deux canoes qui passent s'amusent aux auto-tampos avec moi. Charmant ! rame ! rame ! un moment, j'ai l'impression que je ne m'en sortirai pas tant le courant arrête la barque. En forçant, je gagne sur lui, déporte la barque sur la rive opposée, y rencontre moins de résistance. La sortie est là. Mais dans le goulet de sortie, le courant est bien pire.Peut-être la profondeur est-elle suffisante maintenant.
- Hervé, si tu pouvais mettre le moteur pour nous dégager. Le courant est trop fort pour moi.
Hervé nous fait passer le goulet de sortie et nous revoilà au jour !
- Nous reviendrons demain matin, quand il n'y aura plus de touristes et que nous aurons les lampes torche et la pagaie indienne.
Direction le bateau après avoir exploré le haut de l'île. Il est temps de préparer les beaux poissons. Patrick se charge de les vider et de les écailler à l'avant; Hervé s'occupe des pommes de terre et moi je prépare les sauces et les épices.
Repas divin ! ces poissons sont vraiment délicieux. Patrick aimerait bien une deuzieme assiette. Ah que non ! les deux kilos ne vont pas partir aujourd'hui; Il en faut aussi pour demain.

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Nous avons à peine fini ce bon repas que quelques gouttes de pluie et du vent nous font lever la tête. Grosse enveloppe noire du ciel au sud de l'île.
- Ca y est, cela va recommencer. Il faut vite débarrasser.
Tout le monde à l'ouvrage : les toiles de protection solaires sont vite enlevées, la table recouverte de sa protection, les hublots fermés. Le vent arrive avec la ligne blanche de la pluie. Mais cette fois, il est Sud. Nom d'une pipe, nous ne sommes pas du tout protégés du Sud. Le pire, c'est qu'on voit la mer blanchir et lever de l'écume. Ca, c'est sérieux; C'est signe de vent fort, force 9 à 10 Beaufort.
- Hervé, on ne peut pas rester ici. On a peut-être le temps de lever l'ancre avant que cela nous tombe dessus.
Les hommes vont à l'avant et commencent l'opération. Mais la bourrasque nous tombe dessus. Ah ! c'est violent. Je suis à la barre et m'y cramponne. J'essaie de maintenir le bateau bout au vent pour que les hommes puissent remonter plus facilement l'ancre. L'écume obscurcit la vue. Les rafales se prennent le bateau et le font gîter carrément. Je redresse. Vivement que nous soyons libres de prendre le large. Le bateau près de nous fait des manoeuvres de sortie également.
Enfin, j'entend Patrick qui m'annonce que l'ancre est à bord. Je peux maintenant fuir vent arrière vers le nord de l'île. Mais ce n'est pas si simple. Devant moi, un spectacle dantesque, celui des pitons qui se dressent noirs comme le charbon contre le gris violet des nuages et le blanc de l'écume soulevée par le vent. Bon sang ! c'est superbe ! mais il y a des fronts partout et le vent qui était sud est maintenant nord. C'est la fuite des bateaux de tourisme en tous sens. Les petits pêcheurs en longtails se réfugient sous le couvert des falaises dans l'anse de la grotte. Elle parait bien calme, celle-là, protégée du sud comme du nord. Tiens ! Tiens ! Hervé souhaite que je progresse vers le nord de l'île mais arrivés à l'extrémité, nous nous rendons compte qu'il n'y aura pas de protection de ce côté là. La mer moutonne. Les bateaux nichés auparavant dans les îles limitrophes viennent plutôt dans notre direction. Pas bon, ça !
- Et si on retournait dans l'anse de la grotte ! elle parait plus sûre, celle-là que le reste.
C'est ce que nous faisons et bien nous en prend car l'eau ici est bien calme. On mouille à nouveau. Ainsi demain, on sera à pied-d'oeuvre pour entreprendre l'exploration de la grotte sous-marine.

KO PHANAK ET KO HONG Le 30 Décembre 2014

La nuit s'est bien passée avec cependant un vent de Sud (encore !) qui nous poussait vers la muraille. Seulement 2 mètres sous la quille !

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Petit matin dans cette anse magnifique avec l'entrée de la grotte qui attend notre visite. On y va avec Nénette armée seulement de la Polynésienne (notre pagaie du Pacifique) et de la petite rame de Brunei. Nous précédons de loin les premiers touristes dont le bateau vient d'arriver dans la baie. Aussi la grotte et ses surprises sont pour nous tout seuls. Hervé s'est mis debout à ramer comme un gondolier et je suis à la petite rame sur le devant, Patrick, au milieu, prêt à remplacer. L'entrée est confortable. Il faut éviter un petit rocher et après comme un gros ruisseau qui poursuit sa route en méandres à travers les profondeurs de la roche. Arrivés au premier méandre, là où hier j'ai rebroussé chemin, nous allumons tous nos lampes frontales. Nous progressons dans la semi obscurité. C'est impressionnant. Patrick nous demande un moment d'éteindre tous nos lampes. Du noir complet ! pourvu que ce cours d'eau sous-terre soit franc et qu'il n'ait pas de bifurcations où nous perdre ! Patrick inspecte pour les repérer mais tout est bon et soudain une lumière.

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- Ca y est ! c'est l'ouverture.
En fait, nous ne savons pas de quelle ouverture il s'agit. Ces rivières souterraines qui abondent dans les îles débouchent sur des effondrements de roche, parait-il.
Nous pouvons maintenant éteindre nos lampes pour observer le plafond et les parois de la grotte et voir au fond l'ouverture en trois arches qui laisse entrevoir de l'eau verte. Nous progressons vers la plus grande. Hervé s'est assis maintenant pour passer le plafond. Nous poussons avec nos mains sur la paroi pour faire passer la barque sous cette arche très basse à la roche dentelée. Et soudain, nous débouchons sur un grand lagon tout vert surmonté par d'imposantes murailles couvertes en partie de végétation. L'effet de surprise est total. Le silence dans ce retrait magnifique que la nature a créé à travers le temps, les effondrements, les assauts de la mer et du vent, vous saisit dans votre être. On ne sait plus où regarder. On reste là à s'extasier. Mais y a-t'il suffisamment de qualificatifs pour exprimer notre surprise et notre émerveillement ?
Le lagon circulaire présente une brèche où l'on pourrait peut-être passer. Nous y dirigeons notre Nénette. Et là, sans préparation encore, on nous sert un deuzième lagon, aussi grand et beau que le premier. Ah ! c'est trop ! On ne peut cependant pas trop s'y engager car la marée descend et les fonds sont vaseux et peu profonds. Ce serait un comble de se voir prisonnier du lagon pour 6h attendant que le flot nous délivre.
C'est en revenant dans le premier lagon que nous apercevons les premiers canoes de touristes.
- Vite, rentrons dans la grotte. Nous aurons peut-être la chance d'être encore seuls por faire le retour.
Et cette chance nous est donnée. Quand on sait que des hordes de touristes envahissent ces lieux tout au long du jour, on peut dire qu'on l'a bien échappé belle ce matin.

Nous rejoignons le bateau et nous mettons de suite en route pour rejoindre, deux milles plus loin, KO HONG, distante de quatre milles. On a la vision superbe des pitons calcaires qui sont groupés en un ensemble fantastique. L'un d'entre eux est celui de James Bond; On y a tourné "L'homme au pistolet d'or". Il se dresse bien droit comme un index dans le ciel. Il parait qu'il vaut mieux le voir de loin que de près tant les touristes se marchent dessus pour le toucher et s'y faire photographier. Ce fut le cas de Patrick, il y a quelques années. Mais maintenant au lieu d'une visite d'une heure après un long voyage, il baigne pour deux jours encore dans l'atmosphère surprenante de toutes ces îles.

 


Nous ne savons pas du tout ce qui nous attend à KO HONG; Cependant, c'est sûr qu'avec ce nom là qui signifie "ile de la grotte", nous aurons droit à une autre belle surprise. Hier, lorsque nous essayions de fuir au Nord de KO PHANAK le mauvais temps, nous avions pu voir une quantité de bateaux de touristes se dégager des parois exposées au sud. Il y a donc quelque chose ici.
Dans les guides que nous avons, on parle d'une merveille de la nature, la grotte de Tam Lod et de son arche marine.  L'île  où elle se trouve n'est pas précisée. Serait-elle ici ?
Malgré l'heure matinale, il y a déjà quantité de bateaux dans l'endroit.  Papa Djo s'avance vers l'endroit où convergent tous les touristes, tels des pingoins dans leurs canoes. Bon sang, ils rentrent tous sous une belle arche marine. Ce serait donc ici, cette fameuse grotte ! Pas question cependant de mouiller avec tous ces bateaux. L'endroit est trop exposé au Sud. Nous l'avons bien vu hier. Avec Hervé, nous avons repéré un bon endroit au nord de l'île avec bonne profondeur et protection du secteur Nord et Sud. Nous longeons KO HONG; l'île est magnifique,ses parois rocheuses vertigineuses avec des gargouilles impressionnantes qui s'y suspendent et semblent vous tomber dessus comme pour vous jeter un mauvais sort. Les murailles se parent de striures ocres et jaunes qui forment autant de tableaux d'artistes modernes. Par endroit, elles se séparent pour laisser une petite plage apparaître dans un fond de végétation. Le nord de l'île est enfin doublé et laisse place à une grande étendue d'eau entouré d'îles coupées par des cheneaux.

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Nous choisissons avec précaution le mouillage pour être bien protégés en cas de coup de vent de Sud comme hier. Enfin, c'est fait; Le seul voisinnage que nous ayons ici consiste en plusieurs longtails de pêcheurs.

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Et si on organisait un marché flottant ici ?
- Demain c'est le réveillon et j'aimerais acheter des crevettes pour l'apéritif.
Tout le monde est d'accord; Un longtail semble se diriger vers nous. On le hèle. Il se met à couple du bateau.
- BLA, BlA (ce qui veut dire poisson en Thaie)
Il a l'air de comprendre. Il nous présente cependant des crevettes genre de celles que le Roi Bumipol avale au petit déj. Royales, quoi !!! Ah ! mais c'est qu'on ne va pas nous refaire le coup des 10 000 baths; Le cours de telles crevettes à Satun était de 350 Baths. On va proposer un peu plus. On se met sur 4OO baths et ça marche. Après cette bonne introduction, le pêcheur nous montre des crabes bleus. Ce sont les fêtes n'est-ce-pas ? et Patrick n'a pas encore goûté ces délicieux crustacés. On s'arrange pour un prix honnête et nous voilà avec un bon kilo de crabe. IMPEC !! je vais de suite chercher la cocotte pour cuire mes crabes et les crevettes à la suite. Le temps a passé, nous sommes presqu'à l'heure du déjeûner.
- Et si on allait voir cette grotte maintenant que la marée permet d'y accéder ?
Les hommes sont d'accord. On attèle le moteur à Nénette et nous voilà partis à la découverte.
- Faisons attention car c'est un parc national ici et on devrait normalement payer une entrée. Donc on débusquera vite de la muraille pour rentrer de suite dans la grotte. Si gardes il y a, ils auront bien du mal à nous voir parmi tous les canoes.
Ah, ces français, toujours à la resquille !!!

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N'empêche que ça marche. Mais il y a une quantité impressionnante de pinguoins en canoée qui rentrent sous l'arche repérée ce matin. On prend notre tour.
De suite passée l'arche, nous nous trouvons dans un espace circulaire avec comme seul plafond un ciel hissé sur d'impressionnantes murailles où la végétation s'accroche comme elle peut. C'est fou ça ! Les canoes forment comme un tourbillon de couleur dans cette enceinte secrète. Il faut suivre le mouvement de peur de s'entrechoquer. Et nous nous voyons passer encore sous une voute minérale qui nous conduit vers quelques eaux vert émeraude. Quand nous débouchons de la grotte, c'est pour nous retrouver dans un lagon immense qui se déverse en mer de chaque côté d'un immense piton, genre celui de James Bond. Bon sang, ça a de la gueule tout cela !!!

 

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Mais qui y a-t'il a droite, comme un petit étranglement où l'eau s'engouffre. On y va et on se retrouve devant une petite plage et une brèche qui donne sur la mer. - Ce serait super de revenir ce soir quand tout le monde sera parti.

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-On pourrait même prendre l'apéro sur la petite plage.
- Ah ! mais c'est une très bonne idée, Patrick.
Nous revenons au bateau en prenant une sortie par le piton au fond du lagon. Tournant après sur la gauche, nous pouvons retrouver le grand lagon où se trouve notre Papa Djo;

Vers les 5h du soir, à nouveau nous voilà dans Nénette. La Polynésienne et la Brunei sont de la sortie également. Nous reprenons le chemin du piton. En virant dans le grand chenal qui nous y mène, on avise une jolie plagette bien tentante. Une petite case en bambou bien coquette. Peut-être est-ce une guinguette de la jungle où on sert une bière fraîche. Hervé y fait route.
- Arrête ! il y a des drapeaux et un panneau avec des indications. Si ça se trouve, c'est le poste des gardes du parc.
Demi-tour immédiat et direction l'entrée du piton. Il n'y a quasiment plus personne dans les lieux : Un ou deux pinguoins à canoé qui se dirigent vers la sortie de la brèche. Tout est à nous !
Et d'abord la grotte à l'arche. Nous y rentrons donc côté lagon. Et nous sommes seuls dans cette espace extraordinaire; On y reste donc du temps, du temps à lever la tête, à observer les détails de cette merveille, à s'imprégner de ce lieu magique.
-Regardez, il y a une grande cavité de ce côté-ci et cette stalactique ressemble à une énorme fleur.
- Oui, c'est comme une tulipe à l'envers.
Le soleil qui commence son déclin lance des reflets dorés sur la pierre. La mer haute maintenant clapote contre la roche.
Il est temps d'aller à l'apéro sur la petite plage repérée ce matin. Mais elle a disparue sous le flôt. Nous sortons en mer par la brèche. Ca clapote ici. Nous rentrons à nouveau dans le grand lagon et ressortons par le piton. Quelle expérience !
Retour au bateau. Un beau coucher de soleil s'annonce.
-  A défaut de plage de sable, venez sur la plage avant du bateau. On va y prendre l'apéro au soleil couchant.
Nous amenons les coussins bleus, le petit blanc bien frais et les  biscuits salés.

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Le soleil décline en se découpant tout orange dans des nuages qu'il festonne tout en striant le ciel de traces jaunes. On reste à le contempler et à bavarder.

 

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De lourds nuages commencent à envahir le groupe d'îles et le piton de James Bond. Une première goutte et du vent nous font interrompre ce merveilleux intermède dans une journée chargée de surprises et d'émerveillements.
Il est temps de préparer une bonne soupe de poisson pour ce soir avec le reste de nos daurades. La pluie commence à tomber. Elle remplit notre citerne. C'est cependant dans le cockpit que nous dégusterons plus tard la soupe.
Demain, retour à Banit et réveillon au Beach Restaurant !!!!!

7 janvier 2015

KO PHEDRA LA BELLE

KO PHEDRA

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La mer autour de KO PHEDRA nous apparait hérissée de rochers verticaux. C'est comme si la nature voulait nous surprendre toujours davantage et nous préparer au plus spectaculaire. Le bateau approche et nous rapetissons au fur et à mesure que les falaises verticales de Ko Phedra se découpent dans le ciel bleu. Incroyable de beauté !

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Le mouillage n'est pas du tout à l'endroit indiqué sur le guide nautique. Nous ne trouvons de profondeurs valables - entre 9 et 10 mètres qu'à l'opposé, dans une courbe que fait l'île vers son sud.
De suite, nous nous mettons tous les trois en tenue de plongée. Il y a une distance appréciable entre le bateau et les falaises. Patrick explore les excavations formées par d'énormes blocs tombés du haut de la falaise. Il trouve un passage à la nage et réapparait de l'autre côté. Nous regagnons tous les trois Papa Djo contre courant !!!

Dans la nuit, Patrick sonne le clairon !
- L'eau coule dans le bateau.
Nous nous précipitons, Hervé et moi. En effet, il y a voie d'eau. Zut alors ! Après recherches, il s'avère que l'eau provient de la pompe d'eau de mer. On coupe l'eau de mer.  Les deux hommes démontent la pompe et réparent. Mais l'eau est rentrée dans l'huile du moteur. Ca fait mayonnaise et ce n'est pas bon du tout. Alors, il faut pomper toute cette huile et la remplacer. Il ne nous reste pas assez d'huile dans le bidon de secours et sans huile neuve, on ne peut pas mettre le moteur.

Cassepieds, ces situations !! On décide de partir à la voile. C'est pétole qui nous attend. Le voilier se traine lamentablement. Je mets la ligne de pêche à l'eau. Le bateau se traine lamentablement et soudain il s'arrête net; Le fil de pêche est tendu. Nous sommes accroché à une bouée !!! Patrick a la bonne idée de tirer sur le fil jusqu'à la bouée entrainant le bateau qui se laisse faire dans ce calme absolu. Il récupére le leurre et le bateau repart lentement. Pas de signe dans le ciel d'un quelconque changement.

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Au large de KO PHEDRA, on avise un pêcheur à longtail;
- Et si on lui demandait du poisson ?
Le pecheur aborde le bateau. On fait commerce avec d'énormes calamars qu'il vient de prendre dans son casier.

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- On devrait lui demander s'il a de l'huile de réserve.
Et Patrick lui tend un bidon d'huile vide.
Ah ! il n'en a pas.
L'idée nous vient qu'il peut remorquer le bateau jusqu'à son village. Il est d'accord. C'est sur l'île de Talibong. En avant !

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Ce pêcheur s'appelle Pon. Il va s'avérer très serviable. Une fois en vue de la baie où se trouve son village, il largue l'amarre pour que nous puissions mouiller le bateau. Puis Hervé et Patrick embarquent sur le longtail et filent vers le village de pecheurs où Pon les conduit.
Arrivés là-bas, tout s'enchaine rapidement; La femme de Pon qui a été prévenu a déjà deux bidons d'huile pour le bateau. Quand ils reviennent, ils s'attaquent immédiatement au changement d'huile. On remet le moteur en marche. GOOD !

Il n'y a plus qu'à déguster les énormes calamars qu'Evelyne a eu le temps de cuisiner et de se détendre de toutes ces émotions en essayant de repérer les Dugong, cad les vaches de la mer, qui pullulent dans cette baie. On voit bien des tourbillons, une seule tête et puis c'est tout.
Nous allons passer la nuit dans cette baie accueillante et partir au petit matin pour KO LANTA.

 

1 janvier 2015

KO PHI PHI

La Baie de Maya à Ko Phi Phi Le/Thailande

Fin d'après-midi. Venant de Phuket, Nous nous dirigeons vers la deuxième île des Ko Phi Phi, Ko Phi Phi Le. C'est un défi car la baie est soit trop profonde, soit trop minée de coraux pour y mouiller. Peut-être y trouverons-nous une bouée libérée d'un des nombreux bateaux qui viennent pendant la journée de l'île principale.

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A l'approche de l'ile, des masses nuageuses sombres annoncent un orage et des pluies éminentes. Ko Phi Phi Dom, la célèbre île où nichent les touristes de tout bord disparaît dans une brume épaisse et une ligne blanche, annonciatrice de fortes pluies, commence à ceinture Ko Phi Phi Le. L'équipage revêt les vestes de quart. Plus nous avançons et plus ça menace.

  • Est-ce qu'on attendrait au large un petit peu pour que ça passe ?

  • Non, avance ! La baie va nous protéger.

    Arrivée extraordinaire ! De hautes falaises crénelées, festonnées de brume et d'une végétation d'un vert intense se profilent sur un ciel gris de plomb. Nous avons l'impression d'entrer dans un domaine interdit tant il est beau et secret. Et plus nous avançons, plus les falaises s'ouvrent sur une baie opulente au fond de laquelle luit le ruban de sable d'une grande plage. Epoustouflant. Mais revenons à la réalité.

  • Voyez-vous une bouée ?

  • Il y en a deux. Une près de la muraille et une près du gros bateau blanc.

    La bouée, près de la muraille, me semble sinistre, trop près de cet immense surplomb qui domine.

  • Je prend plutôt celle près du bateau ; Préparez vous !!

    Hervé et Patrick sont à la proue et l'approche se fait lente pour prendre bien au vent la dite bouée.

  • On y est. Stoppe tout !!

    Impeccable ! Bouée prise du premier coup !

    En cinq minutes, l'équipage est en maillot de bain, les PMT sont sortis du sac et tout le monde est à l'eau pour profiter des derniers lueurs du jour.

    Patrick me rejoint près d'une bouée.

  • Alors ?

  • Coraux endommagés et peu de poissons pour l'instant.

    On se sépare ; Je vais longer la paroi abrupte des falaises pour y trouver des bénitiers violets, des chirurgiens, perroquets, bagnards et compagnie. Les coraux ne sont pas très colorés et bien abîmés. Mais c'est bon tout de même et quand on soulève la tête de l'eau, c'est une merveille.

    Retour au bateau.

  • Alors ?

  • Alors quand je t'ai quittée, j'ai vu de suite trois requins à tête noire !

  • Trois requins !

  • Oui, impeccable ! Ils ne sont pas dangereux ceux-là. Pas de problème !

    Patrick est ravi de la rencontre. Il va se faire bientôt photographier en dessinant le chiffre trois avec ses doigts levés et un sourire hilare.

    Un voilier arrive sur le tard, un 8.50, chargé d'une quinzaine de personnes sur les passes-à-vent et le cockpit et traînant dans une espèce de bassine rouge 5 ou 6 autres,prêts à se jeter à l'eau. Dire que tout cela vient de Ko Phi Phi Dom, à quelques cinq milles d'ici ; Ca sent la fête : musique entraînante, maillots restreints, rigolades et plongeons sonores. Mais quand le soir arrive et qu'il faut partir, une pluie forte commence à tomber. Le petit voilier hésite à trainer les cinq dans la bassine et les quinze accrochés aux haubans. On le voit revenir. Puis il repart dans la tourmente ; Sécurité ! Sécurité ! Peut-être en se riant de tout, on s'amuse d'autant plus !!

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    Ce matin, vers8h, nous ripons pour rejoindre Ko Lanta. Déjà les vedettes rapides arrivent de Ko Phi Phi Dom pour déverser sur « The Beach » leurs touristes affamés de beauté.

  • The « Beach », nom du film qui a donné sa renommée à Maya Bay.

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1 janvier 2015

KO LANTA

KO LANTA

C'est d'un seul bord au près que nous gagnons KO LANTA. Nous passons par des îles très pittoresques comme KO KRADANG où les japonais viennent en masse se marier "sous l'eau".

Le vent forcit. La mer moutonne. Le ciel s'obscurcit à l'horizon et annonce un passage orageux. Nous sommes tout près de la passe Sud de l'île quand une pluie torrentielle nous tombe dessus;

Dans le quasi brouillard de vapeur d'eau, on perçoit au delà de la frange des rochers qui menacent la passe de part et d'autre, un bateau de pêche, à l'abri entre l'île de Ko Lanta et l'île de KO PO. Qu'importe ce que dit notre guide nautique qui ne donne pas cet ancrage ! Rentrons à l'abri au plus vite ! Et c'est ainsi que nous franchissons la passe et jetons l'ancre à une encablure du pêcheur.

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Ce mouillage deviendra "notre mouillage" pour les trois fois où nous viendrons à KO LANTA. Il est d'une beauté tranquille et nous y avons nos habitudes. Du côté sud de la grande île de Ko Lanta, juste au niveau de la passe, on peut voir un village de "gipsies"; ce  sont  des gitans pour les thaies. En fait ce sont des tribus qui vivent dans les îles et y pratiquent la pêche. Ils sont devenus plus ou moins sédentaires, tout en conservant leurs traditions. On peut voir leurs maisons sur pilotis qui s'avancent sur la mer et leurs pirogues de pêche amarrés devant.
En remontant vers le nord, ce ne sont que belles collines vertes de jungle épaisse. Au fond de la baie immense qui s'offre à nous, se cache la vieille ville de Ko Lanta et son embarcadère d'un km de long.
De l'autre côté, c'est la petite île de KO PO qui nous abrite du Nord Est. Elle avance une pointe rocheuse sur la passe et une pointe sableuse vers la baie.

 


Après la pluie, le beau temps; Nous mettons Nénette à l'eau. Hervé se saisit des avirons et en avant pour l'abordage de KO LANTA. Pour la première fois, ce n'est guère facile de se repérer. La grève qui commence à se découvrir est bien rocheuse. Un ruban de sable lui fait suite. Nous nous approchons de piquets qui sont toujours signe de passage de bateau. C'est bon. Il semble y avoir des constructions nichées dans les arbres.
- Ah! mais c'est un cimetière !
Attérir dans un cimetière ! ça, ce n'est pas banal. Et c'est le cimetière des gypsies thailandais.
Il a l'air bien désordre. On observe des bouteilles vides ca et là; Patrick a de l'a-propos.
- Regardez les cadavres ! nous dit-il.
Nous éclatons de rire.
Ce qui est bien pratique, c'est qu'il y a un escalier pour accéder à la route tout là-haut.

Et nous voilà, l'un à la suite de l'autre, sur une petite route qui dessert tout l'Est de l'île; d'un côté, le village gipsy et de l'autre, la vieille ville.
Pour le village gypsie, pas de problème. C'est à un petit km. Mais la vieille ville est bien plus loin. Il nous faut trouver un moyen de transport. On attend patiemment dans un café épicerie  qu'un sangtwae veuille bien se présenter et nous amener à la ville. Mais nous ne voyons défiler que des motos avec soit des touristes soit des gypsies. Pourtant un petit
pick-up passe devant nous dans la direction opposée. Une demie heure après, cette camionnette s'arrete devant l'épicerie.
L'homme qui en descend vient ravitailler la glacière. Patrick s'entretient avec lui. Le type est d'accord de nous prendre quand il aura fini son travail. OK ! Sauvés !
Hervé et moi, nous mettons à l'avant avec le chauffeur et Patrick saute à l'arrière dans la partie découverte du véhicule.
Nous pourrons être vers midi à la vieille ville et choisir un resto à loisir.
C'est que c'est loin, cette ville, au moins 6 à 7 km. On monte, on descend !

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Ah ! le plaisir d'arriver ! Cette ville est très typique car construite aussi sur des pilotis.
Les maisons s'avancent sur une cinquantaine de mètres sur leurs béquilles, dévoilant des terrasses chargées de fleurs où pendent des hamacs. Les restaurants foisonnent avec leur ultime terrasse donnant sur la baie. A marée basse, tout est à découverts sur de la vase. Quand la marée monte, les vagues prennent l'assaut des pilotis et c'est charmant.

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On ne fait pas un très bon choix de restaurant. C'est joli mais il n'y a pas grand chose dans l'assiette et Patrick avoue qu'il vient de manger le plus mauvais "PAD THAIE" de son existence. Le PAD THAIe est un excellent plat traditionnel à base de pâtes, fruits de mers, omelette....
Par contre, on peut faire la sieste sur un lit en bambou pourvu de ces adorables matelas thailandais à dossier avec vue sur la baie magnifique où règne un calme olympien. Avec Hervé, on ne s'en prive pas pendant que Patrick va à la recherche d'un barbier.

Et pour le retour ? Nous rejoignons l'intersection avec la petite route qui mène à notre "cimetière". Il y a là un 7/11 (SEVEN ELEVEN), sorte de petit drugstore qui pullule en Thailande. En sort, une femme gipsy avec ses enfants, sa vieille mère et ses courses. Elle monte sur sa moto et installe ses enfants dans le caddy à deux bancs attelé à sa moto par le côté. Ces petits engins se voient dans toute la Thailande et servent de transport aux familles. Je saisis la chance et demande à cette femme si elle peut nous amener au village. Elle est d'accord moyennant bonne finance. Nous faisons affaire; Elle fait sortir de son caddie sa fille et sa mère.La mère et la fille vont retourner chez elles avec un autre caddy.
Et nous nous installons dans l'engin; Hervé en a déjà conduit un à Satun. Il faut faire bien attention aux équilibres, bien sûr.
On s'amuse comme des fous de l'aventure. Le petit garçon est resté avec nous et Patrick le rassure sur les "Farang" (étrangers) que nous sommes.
Au bas des côtes, Patrick descend car il y a trop de poids pour le petit caddy. Notre gipsy l'attend en haut et le récupère pour la suite. On lui demande de nous arrêter au cimetière. Ca, vraiment la rend perplexe. Quelle adresse, un cimetière !!! Mais si, mais si, c'est là où tous trois nous habitons. Un peu plus loin dans la baie, mais comment expliquer ?

Le jour a baissé. Il fait presqu'obscur quand nous descendons les marches. Les petites maisons qui servent de caveaux se font inquiétantes. C'est à ce moment où on s'effraierait du hullullement de la chouette que Patrick fait entendre un sifflement inquiétant.
- Ah ! c'est que tu t'amuses à nous faire peur !!

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Le lendemain, escapade en face, sur l'île dont la pointe sableuse est une si belle invite. On l'explore côté Ouest, Hervé et moi tandis que Patrick prend l'Est. L'île est inhabitée mais on entend des bruits de basse-cour et il y a un pauvre chien anémié qui nous suit en quête de nourriture pour le raviver. Mais nous n'avons rien sur nous pour lui donner. Triste !!
Par endroits, il y a des amoncellements de coquillages tout cassés;Oh miracle ! on tombe sur un magnifique coquillage intact.

Il y a des lieux où l'on voudrait rester tant ils sont harmonieux et vous apportent cette paix intérieure qui vous enchante. Mais nous avons la contrainte d'un visa qui va bientôt expirer et la date fatidique de mon anniversaire que nous voulons fêter à Phuket avec nos amis canadiens.

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Ainsi, le jour suivant, à l'aube,Papa Djo reprend la passe pour pointer son étrave sur Ko Phi Phi, une des îles les plus populaires et touristiques de Thailande.

1 janvier 2015

PREMIERES ILES THAILANDAISES

KO TARUTAO
Et nous partons enfin de Jebilang, notre aigle sur le pont et nos deux dauphins à la prouePremière escale : KO TARUTAO, juste en face de Langkawi. Il y a un beau mouillage dans l'immense baie sud. Nous nous y engageons. Plusieurs petits longtails de pêchou se balancent dans la houle côté Est de la baie. C'est peu encourageant pour passer la nuit ici. En face, côté Ouest, une pointe rocheuse couverte de jungle ferme la baie au vent. Un gros pêchou mouille tranquille. C'est décidé, nous tentons notre chance de ce côté là. Et en effet, point de houle contre cette pointe. Et nous voyons venir de toutes parts des gros et des petits péchous qui s'enfoncent carrément de ce côté-ci de la baie; nous ne serons pas tout seuls. On commence par se mettre en tenue de PMT pour aller explorer les fonds le long de la falaise. L'eau est trouble mais le bain est bon.

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Cela nous a creusé l'appétit. Un Marché flottant nous attend. Il n'y a plus qu'à choisir son péchou et acheter du poisson pour le barbecue du soir. C'est aussi simple que cela. Patrick n'en revient pas. Il verra très vite que ce n'est pas notre premier coup de filet !

KO LIPE/ILE BUTANG

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Au petit matin qui suit, nous faisons route vers les îles Butang et la fameuse KO LIPE; Il y a fort temps. Notre équipier n'est pas encore amariné. Nous sommes au près avec deux ris dans la grand voile. Le bateau gîte dur et notre Patrick tangue du côté de l'estomac. On lui refile la barre pour qu'il fasse ses armes; l'exercice assez hardu l'empêche de trop penser à ce qui gargouille dans les entrailles. Le ciel est lourd de nuages gris et nous avançons vite vers les îles. La grande baie sud de Ko Lipe où nous nous engageons est obstruée par un tas de bateaux de transport.

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Et si nous passions de l'autre côté ? Bien nous en prend car un coup de vent du Sud va sévir pendant deux jours et tous les bateaux vont refluer dans le chenal  entre KO LIPE et Butang. Mais avec ce mauvais temps, le mouillage est archi inconfortable. Ou trouver un endroit possible sans attraper le pot de confiture en pleine poire ? On essaie plusieurs options et finalement on prend une bouée. Le bout a l'air bien neuf, ce qui rassure; allons à terre maintenant pour goûter les joies hyper touristiques de Ko Lipe. C'est sur le point de monter dans le dinghy que je m'aperçois que le bateau chasse dur. Cette bouée, c'est du pipo. En arrière toute. On met les gaz et on dégage. Ah ! c'est pas marrant, tout ça. Ce mauvais temps, ce tangage, ces changements de mouillage. Où se mettre maintenant avec tous ces bateaux qui sont venus se réfugier ici du coup de vent.
AH ! il faut la mériter, cette petite KO LIPE! Le mouillage trouvé est bien plus loin de la plage maintenant. Tant pis ! et nous débarquons. Patrick qui est venu ici il y a deux ans observe, ahuri,  les changements opérés. Il y a même une clinique !!!! Mais Ko Lipe vaut encore le détour pour sa superbe plage sud où la décontraction est de mise. Tout le monde s'y promène le soir et prend place sur les cafés qui s'étendent sur le sable. On a presque les pieds dans l'eau en sirotant sa bière fraîche. Patrick a retrouvé tout son sourire et sa décontraction !!

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Pour revenir au bateau, on prend le moyen de transport local : une moto qui tracte sur son côté une sorte d'énorme caddy où on peut monter à quatre ou cinq. Elle nous dépose à 5OO mètres de la plage que nous rejoignons par un petit sentier qui arpente la jungle.Mais la nuit est encore désastreuse. Au matin, on change encore  pour éviter cette houle infecte. Cette fois, nous nous mettons devant un resort isolé avec sa plage devant. C'est le bon choix, enfin !!!

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Et nous décidons de faire un pique-nique au resort. C'est un bel établissement avec un tas de bungalows et une piscine pleine de végétation. Ca ne marche plus depuis longtemps, à ce qu'il nous semble. Il y a bien  un gardien mais il ne se préoccupe pas de nous. Nous commençons par un bon bain suivi d'une douche dans la rivière d'eau douce qui coule tout à côté.
Puis, dans un pavillon ouvert sur la mer, nous trouvons table et siège et même quelques transats pour faire la sieste. C'est super. Le silence, la jungle tout alentour d'où s'envolent quelques Macaos, le chenal festonné de jolies plages. Et puis, pas de roulis, pas de tangage. Enfin !!!
Patrick va explorer les lieux après le repas tandis que je m'essaie dans un des transats locaux en bois. Soudain, tout s'effondre sur moi et ma tête se plie carrément sur ma poitrine. Impossible de me dégager toute seule.
- Au secours ! au secours !
C'est Hervé qui vient m'extirper de ce tas de bois pliant. On en rit encore mais j'ai failli avoir non le coup du lapin mais le coup du pendu.

C'est décidé. Nous quittons ces  Butang archi inconfortables. A d'autres, par beau temps ! La dépression est passée pourtant et c'est au moteur que nous gagnons la prochaine escale, la superbe île de KO PHEDRA;

1 janvier 2015

PAPA DJO RETROUVE LA MER EN THAILANDE

NAVIGATION MALAISIE THAILANDE

OCTOBRE 2014

    C'est fin septembre que nous regagnons le Papa Djo après notre séjour rituel en France.
C'est encore la saison des pluies en Malaisie où nous sommes, Kilim exactement, un lieu féérique
dans les mangroves couronnées de hautes falaises où nichent les aigles roux, symboles de l'île.
En fait, ce n'est féérique que le matin jusqu'à 10 h et à partir de 16H 3O l'après-midi, quand la
centaines de "long tails" a vidé les lieux. Les "long tails" sont des pirogues dont l'hélice du
bruyant moteur s'allonge démesurément pour bouillonner presqu'à la surface de l'eau. Ca fait un
bruit énorme qui retentit de Bangkok à ici, sur tous les recoins de Thailande et de Malaisie.
Quand ce sont des pêcheurs, ça fait partie de l'ambiance locale. Mais quand ce sont des pirogues à
 touristes, avec des moteurs hors bord de 150 voir 200 ch, c'est insupportable.

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 Dans le petit bras de mer qu'on appelle ici "the hole in the wall", le trou dans le mur, où le
Papa Djo fait son hivernage, ces maudites pirogues enfin ralentissent pour déposer leurs clients
sur les quelques radeaux hérissés de restaurants auxquels sont ratachés des fish farms, grands
bassins où le touriste s'amuse à voir sauter de beaux poissons qu'on nourrit pour l'occasion.

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A Kilim, nous avons notre petit rituel, Hervé et moi. Le matin, nous réarmons le bateau pour la
navigation et préparons la cabine de notre futur équipier qui joindra le bord dans une quinzaine.
C'est Patrick, un ancien sous-marinier de 52 ans. Un jeunot rencontré au Laos, il y a deux ans !!

Le besoin s'est fait sentir pour nous de traverser l'océan indien à trois. Ce n'est pas que les
forces sont parties. Nous faisons bien les mêmes exercices qu'avant. Hervé grimpe au mât, soulève
de fortes charges. Nous assumons la charge lourde du bateau tous les deux avec une bonne santé.
Mais à trois, il y aura moins de fatigue et surtout pour Hervé, plus à partager au niveau efforts
physiques et des opérations mécaniques. Pensons aux quarts de nuit qui nous attendent dans les deux océans que nous allons traverser, l'Indien et l'Atlantique. Aussi, nous nous sommes décidés, alors que nous
n'avions jamais pris d'équipier jusqu'à présent, à faire partager l'expérience de la navigation
sur le Papa Djo à Patrick. Il a accepté de suite. Comment sera la vie à bord à trois ? Tout reste
à découvrir pour chacun d'entre nous. Nous pensons que les bases sont bonnes et nous mettrons tout
de nos êtres à ce que cela se passe bien. Patrick ne connait pas la voile. Il a fait 17 ans dans
le fond des océans en tant que sous-marinier. Maintenant il va se retrouver à la surface, dans un autre univers. Nous avons confiance dans sa flexibilité de grand voyageur qu'il est depuis qu'il a pris sa retraite de la
marine, à 34 ans s'il vous plait.

Ce temps de préparation n'est pas désagréable. L'après-midi, nous rejoignons la Jetty du Kilim où
nous attend notre 125 et partons pour les plages ou les courses dans les petits magasins qui
bordent la route. Les pluies ont verdi la jungle et les rizières; Langkawi est une île magnifique.
Nous visitons des baies profondes, allons nous baigner dans les bassins des cascades. L'orage
tropical n'est jamais loin mais nous sommes chanceux, nous réussissons à toujours passer entre les
gouttes.

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Enfin le 14 Octobre est arrivé. C'est avec une petite voiture que nous allons chercher notre
équipier. Et il est bien là, devant nous avec son sac à dos; La vie à trois va pouvoir commencer.

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Pour Patrick, tout, tout est nouveau.Nous recommençons avec lui le petit rituel du matin et du
soir. Hervé l'a attendu pour mettre en place les voiles, la grand-voile et le génois. Maintenant,
il y a deux motos à la jetty. On pousse même jusqu'aux "Seven Wells", les célèbres cascades à sept
bassins du Nord-Ouest de l'île. On fait des virées à Kuah pour les besoins du bateau. Enfin, on
s'occupe et on s'amuse. Papa djo est fin prêt pour rallier le chantier PSS, à Satun en Thailande,
à une matinée de voile. C'est là que nous ferons la sous-marine et les dernières mises au point du
moteur et de l'électricité.

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Jebilang, PSS, Satun, le 23 Octobre;

Nous arrivons sur la rivière à marée haute. Il fait beau. Papadjo passe la darse du chantier. Jia
le boss, nous réceptionnera demain à midi. Pourtant on nous fait des grands gestes du quai. On
mouille dans la petite anse avant le village de Jebilang. Nous armons la Nénette, notre petite
barque et tous trois allons vers Pss. Plus nous approchons et plus nous distinguons notre amie
Julie, la femme de Jia. Nous ne nous trompons pas, elle est là, toute mignonne, notre chère Julie
qui nous prend dans les bras dès notre arrivée.

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"On vous faisait des gestes pour que vous rentriez dans la darse. C'est possible de monter le
bateau dès aujourd'hui".
Qu'à cela ne tienne, on va y aller. Retour au Papa Djo pour lever l'ancre. On le présente dans la
darse. Jia est là aussi. Ah ! les retrouvailles ! quel bonheur !

 

Il  n'y a pas de travel lift ici; Les bateaux, que ce soient les gros bateaux de pêche ou les
bateaux de plaisance, sortent de l'eau, une fois positionnés sur des rails, par l'action de longs
cables d'acier actionnés par un puissant moteur situé à une centaine de mètres de la darse. Puis
le bateau remonte les rails sur le chantier jusqu'à ce qu'il soit placé définitivement. C'est
simple et efficace.

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Ah les retrouvailles !!! comme les gens de ce chantier sont gentils; Il est vrai que nous y avons
déjà passé un mois après notre séjour en Inde. Personne ne nous a oublié, même notre chien favori
qui vient pousser son museau sur nos cuisses en signe de reconnaissance.

Julie nous a réservé une bonne surprise. Nous allons pouvoir emménager dans notre appartement
d'alors complètement revu par ses soins. Elle nous y conduit de suite; c'est sur la petite route
qui conduit au village de Jebilang, presqu'en face du grand portail d'entrée de PSS.
Là où il n'y avait que du plancher, il y a lit et canapé maintenant. Là où il n'y avait que mur,
il y a un bon placard où ranger les vêtements. Et puis, une table neuve avec des chaises, l'air-
conditionné qui marche, une vrai pomme de douche dans l'espace toilette. Viendront un lavabo et
une glace. Nom d'une pipe, du vrai confort; Mais nous avions très bien vécu au séjour précédent
avec nos matelas de bateau etc.....

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Patrick va prendre le canapé dans la première pièce et nous le grand lit double dans la seconde.
Ma "Cocotte", la Thailandaise coquette qui tient le petit restau jumelé au local que nous occupons
est toujours à poste. C'est chez elle que nous achetons la grande bouteille de coca avant d'aller
manger chez "Mamie", sa copine et concurrente, spécialiste en riz frit, Pad Thaie et compagnie qui
nous accueille avec sa belle-fille dans l'affection et la gentillesse.

 

A table, nous retrouvons du beau monde : les gens de Pss qui y font la pose repas, quelques
yachties comme nous..... les enfants ont grandi depuis notre dernier passage. Mamie a fait
construire des petites guérites en bambou à toit de chaûme dans l'espace ouvert qui donne sur les
rizières. On y est bien et c'est plus aéré qu'au restaurant. Ne regardons pas trop la saleté des
lieux. Nous sommes en Thailande. C'est normal.

Patrick prend goût de suite pour cette cuisine simple et délicieuse. A midi, riz frit au restau.
Le soir, nouilles frites au local, servies par Mamie en personne. Nous sommes comme des coqs en
pâte à savourer la douceur du soir après le labeur de la journée. De temps à autre, nous
organisons des barbecues sur la terrasse de notre local. Au village, il est facile de trouver de
bons poissons. .Yves, un navigateur connu aux Fidgi, se joint à nous deux soirs de rang. Mamie a
prêté son barbecue car le nôtre est un peu trop petit pour alimenter trois estomacs d'hommes et un
non négligeable de femme. Nous créons l'amusement du quartier. Tout le monde vient voir comment on
grille le poisson. En fait, c'est Yves qui se charge de tout. Ma "Cocotte" nous amène des bières
toutes fraîches. C'est la joie !!!

Mais nous ne faisons pas que manger. Les journées sont au labeur.
Car nous travaillons tous les trois; Patrick prend la responsabilité de la préparation de la coque
et de la sous-marine avec l'aide d'un apprenti de Pss. J'entreprend avec une aide la peinture de
tous les planchers du bateau tout en m'occupant avec Hervé des coordinations avec Jia et Oun le
chef de chantier pour les différentes interventions du menuisier, de l'électricien, du mécanicien
et des peintres. C'est du boulot ! on n'arrête pas ! nous avons prévu une semaine.

J'amène dès huit heures ITou, mon aide, dans un local où nous avons entreposé tout notre plancher
et je la mets au travail. Il faut tout expliquer ici si ce sont des apprentis et ne pas trop les
lâcher même s'ils travaillent bien. La petite n'est pas bête. Mais tout se comprend par des gestes
car elle n'a pas un mot d'anglais. Elle a de tout petits pieds sans orteils. Une déformation de
naissance. Cela ne l'empêche pas d'être agile. N'empêche, elle a des difficultés à faire un
sourire. Même Patrick n'arrive pas à la dérider. Moi, ça me pompe un peu, quelqu'un qui ne rit
jamais. Nous sommes habitués ici à une bonne ambiance avec les ouvriers. Sak, notre menuisier
attitré, est là avec son grand sourire et son rire communicatif. Il nous a déjà fait un sacré
boulot : aménagement des soutes pour les légumes, de la salle de bain pour le rangement, une
nouvelle table de cockpit, nouveau revêtement de la cuisine aussi. Quoi, du neuf et du plus
fonctionnel. La mécanique est assurée de main de maître par le mécanicien chef de PSS.Oun, le chef de chantier chinois, est toujours d'une agitation très positive. Et nous avons maintenant un gaillard nommé Patrick pour monter au mât vérifier les branchements électiques des feux de navigation.

 

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 Et puis il y a Julie, notre grande amie. Elle est mauricienne et parle le français couramment. A l'époque du premier chantier, on ne la voyait pas trop car elle enseignait l'anglais dans une école; Mais maintenant, elle seconde Jia et cela fort efficacement. L'ennui en Thailande c'est que l'anglais est fort peu pratiqué. Ainsi Julie sert de liaison entre les yachties et le staff. Mais Julie n'est pas simplement la femme de Jia, la prof d'anglais. C'est aussi une artiste peintre accomplie; Elle nous a promis de peindre un aigle sur le roof du bateau.
Avec Jia, nous faisons le tour du chantier; Nous lui avons demandé de voir la peinture exécutée au dernier chantier. Cela pèche en imperfections. Les peintres s'étaient laissé aller quand il était parti en vacances avec Julie la dernière fois. Nous n'étions pas contents du tout. Nous avions arrêtés "leurs petites vacances" à eux. Les billets d'avion étaient pris pour la France. Il fallait rentrer à Kilim vite fait pour hiverner le bateau. Le chantier trainait. La pluie venait. Une horreur !
Jia prend son mobile et appelle le peintre.
- Il m'a dit : Ah ! les gens qui étaient pressés de rentrer en Malaisie ! leur chantier n'est pas fini.
Nous éclatons de rire. C'est la bien bonne celle-là :le chantier n'est pas fini !
Jia nous propose alors de prendre à son compte la finition de la peinture du pont. Nous achèterons la peinture. C'est un bon compromis et nous acceptons. Mais le chantier prendra plus d'une semaine maintenant. Ok ! ca vaut le coup !

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Et ça vaut vraiment le coup. Julie nous propose alors de peindre les deux dauphins-dragons de la proue. Oui ! oui ! oui ! Ils avaient été exécutés à Cognac selon les dessins d'un copain prof. Lors du dernier chantier de Pss, Jia nous avait persuadés de les refaire avec du "sticking". Mais nous étions malheureux du résultat. Il y a une grosse différence entre une oeuvre peinte comme nous l'avions auparavant et sa reproduction en papier collant plastifiée. On se disait qu'à la prochaine occasion, on ferait repeindre nos fameux dauphins-dragons. Et voilà ! sans rien demander, Julie nous le propose. Elle se met un jour à l'ouvrage. Elle propose de reproduire à l'identique.
- Mais Julie, tu es une véritable artiste. Pourquoi copier ! tu peux faire cela à la main levée.
Ce n'est certes pas une difficulté pour elle et au moins on participe à l'oeuvre.
- Tu vois, Julie, à l'origine, ces deux dauphins n'étaient pas tout à fait pareils. Le décalqueur, lui, a mis le même modèle de chaque côté de la proue. Nous pourrions imaginer maintenant qu'un dauphin est femelle et que l'autre est mâle.
- Oui, comme Papa Djo et Mama Djo !
- Si tu veux. A toi de voir les détails pour féminiser l'un et masculiniser l'autre.

Bien sûr qu'elle les voit les détails. Les yeux de la femelle sont comme deux petites lunes en croissant, ceux du mâle ont des tranchants de défense et de cruauté. Des formes plus douces et arrondis chez la femelle, plus pointus chez le mâle. Et  nos deux dauphins-dragons revivent sous le pinceau de Julie. C'est superbe !
N'empêche que le temps passe ! le jour de la sortie du bateau s'avance et l'aigle du roof n'est pas encore dessiné. Mais cela n'inquiète pas Julie du tout. Pour elle, tout se fait dans ce domaine avec une facilité surprenante. Nous verrons !

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En attendant, nous nous préparons pour la bouillabaisse géante que je leur ai promis, à Jia et à elle.
Jebilang est un gros centre de pêche. Il y a plusieurs criées où d'importants bateaux de peche viennent décharger des tonnes de poissons et de fruits de mer : crevettes géantes et calamars de la taille des cargos !!! sans compter les poissons en tout genre, grands et petits. On devrait pouvoir y trouver notre bonheur pour la marmite. Les femmes trient laborieusement des quantités astronomiques de calamars et de crevettes déversés en gros tas devant elles. Elles les répartissent selon la grosseur dans de hauts paniers en plastique. Elles commencent à nous connaître et nous indiquent les grosses glacières où les poissons attendent leur livraison.
Le choix est fait pour deux kilos entre un thon et un autre poisson. Nous ajoutons un bon kilo de calamars.

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Julie est à bord pour la préparation de la bouillabaisse. Elle filme carrément la scène où je lui explique en les lui indiquant tous les ingrédients et épices utilisés. Et nous remplissons la cocotte de 20 kg avec épices, pommes de terre, oignons, ail et tronçons de poissons et de calamars. Une fois cuite, notre bouillabaisse va être transportée de main de marin par Patrick jusqu'à la salle à manger de PSS où nos mandibules vont pouvoir la déguster.
C'est un gros succès. Il faut voir Jia et Julie s'absorber dans ce plat nouveau pour eux. Patrick est aux anges et nous, ravis d'avoir réussi ces agapes.

Le lendemain, chez Mamie, nous rencontrons un bon ami, Martin, Argentin de souche italienne. Quelle bonne surprise ! Martin revient d'un convoyage Hongkong-Langkawi. Sa copine, Coralie, est là aussi que nous ne connaissions pas encore et à laquelle nous devons le français très fludide de notre argentin. Ca c'est super sympa de se revoir encore. On nous avait dit que Martin était parti pour plusieurs semaines et nous ne pensions pas du tout le retrouver.
- Eh Martin ! ça te dirait de venir avec Coralie finir une bouillabaisse dans notre local.
Bien sûr, ça lui dit quelque chose mais il viendra seul car Coralie, végétarienne, mange très peu et peut se nourrir d'une feuille de salade.
Du coup, nous retournons à la criée pour acheter des crevettes afin de corser la marmite. On trouve des crevettes géantes. On en achète un bon kilo. C'est la fête. Martin en redemande et nous finissons tous le chaudron.

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- Martin, Patrick aimerait visiter ton catamaran. C'est possible ?
- Mais oui, venez tous au chantier. Avec plaisir.
Le chantier de Martin est tout près de PSS; Il y construit depuis deux ans déjà un grand catamaran avec lequel il compte revenir en Italie. Nous nous sommes déjà donnés rendez-vous là-bas.
Ce catamaran est loin d'être fini mais on peut se rendre compte combien il est spacieux et sera agréable.
- Avec lui, je vais remonter la mer rouge. Il ira plus vite que les pirates !!!!
C'est très possible. Nous avons déjà rencontré un navigateur qui avait réussi à les semer en 2011; Mais les deux catamarans qui le suivaient n'avaient pas eu cette chance et l'un d'entre eux y a laissé sa peau pour les requins !!!! Les pirates l'avaient balancé par-dessus bord pendant que sa femme se réveillait au fond du bateau. L'autre catamaran est toujours sous leur coupe en attente de caution.
- Martin, es-tu au courant pour le barbecue à Pss ce soir ?
- Pas du tout, mais j'y viendrai avec Coralie;

Grosse ambiance Barbecue avec tous les yachties. Nous formons un groupe avec Martin et des suisses sur un Maramu. De grosses crevettes grillent ainsi que des saucisses et chaque bateau a amené un plat délicieux comme accompagnement. Coralie, décidément, ne mange rien. Quand elle décide d'aller au village pour y faire ses courses (de nuit, bien sûr), je saute sur l'occasion car le bateau sera mis à l'eau demain et il nous manque du pain. Il faut dire que Jebilang, de nuit, est un lieu dangereux. Mais Coralie est connue de tout le monde et elle parle thaie, ce qui arrange bien des choses. C'est super d'aller comme ça en moto à travers les rizières puis dans le petit village faiblement éclairé.

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Il y en a un qui arrive pour nous voir, un dimanche, sur sa grosse moto; C'est notre très cher ami Lawrence, connu à Johor Barhu. Il faut le voir sur son vieil engin, une Honda des années 1970 qu'il bichonne plus que son bateau de 17m dont la coque a fini par être grignotée par les vers. Un vrai cow-boy  et un gentlema cependant. Son père n'était rien que moins que le Lord gouverneur de Birmanie du temps de la colonisation britannique et sa mètre française, la secrétaire particulière de la Maharanie de Boroda ! Si nous, nous avons été invités au passage par le Sultan de Johor, lui, il a fait parti de la suite particulière de sa Majesté quand il prenait à cette Dernière l'envie de balades en moto.

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Le bateau est enfin prêt pour la sortie. Adieux à tout le monde, sauf Julie qui est à bord. Elle n'a pas eu le temps de dessiner et de peindre l'aigle et donc elle le fera au mouillage. La mise à l'eau se passe bien. Ce n'est pas comme la dernière fois. La darse était surbondée de bateaux de peche et lorsqu'on nous avait lancé, un énorme pêchou allait s'y engager. Les hommes du chantier lui avaient fait signe de dégager. C'est alors que ce bateau va en chercher un autre amarré au quai et entame un volte face puissant pour regagner la rivière. J'avance doucement et soudain mon bateau ne répond plus. Il est propulsé vers le quai à une vitesse foudroyante. La puissante hélice du péchou avait créé des tourbillons qui avaient entrainé Papadjo et le poussaient vers le quai. Impuissants, nous étions, Hervé et moi. On a juste vu Papadjo plaquer son arrière-heureusement équippé à cet endroit par de gros pare-battages- sur un autre gros pêchou. Cela a fait bing deux fois. Les défenses se sont aplatis sous le choc; J'ai alors senti le bateau se redresser un chouya. J'ai mis plein gaz et le volant à bloc direction rivière et nous avons pu sortir. OUH LA LA !
Cette fois ci, c'est tout cool sauf que je m'aperçois immédiatement que l'eau ne s'écoule pas du moteur.
- Pas d'eau ! pas d'eau !
La tuile !!!
- Vas mouiller quelque part vite fait !
Plus facile à dire qu'à faire en cette portion de rivière assez étroite où des remorqueurs trainant des barges impressionnantes peuvent débusquer dans le méandre où l'on peut mouiller -au plus vite -
Eternel recommencement ! vous sortez d'un chantier et de suite une panne quelconque. Hervé et Patrick se mettent à l'ouvrage. Julie s'installe sur le pont supérieur du bateau et commence son dessin. Enfin les hommes ont réussi à remettre le circuit d'eau; Nous partons au mouillage un peu plus loin. Le soir, Julie n'a pas fini son dessin.

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- Je reviendrai demain le finir et on se mettra à la peinture;
Le lendemain, on s'y met toutes les deux. C'est fabuleux de travailler avec une artiste quand on n'est rien du tout comme moi. Julie fait les contours avec un trait de pinceau d'une précision incroyable et je fais le remplissage. Les ailes bleues et blanches se déploient sur le pont supérieur du bateau.

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Julie peint la tête et l'oeil perçant. C'est terminé. Merci l'artiste !!!!

 

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21 décembre 2013

PERDUS DANS LA GROTTE


Ce petit ruisseau, d'où vient-il au fait ? nous en avons l'explication en bavardant avec un malais qui vient d'arriver près d'un endroit pique-nique aménagé.
- L'eau douce vient de la grotte.
- Et on peut accéder à cette grotte ?
- Mais oui ! je vais vous expliquer. Venez à ma suite !

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Nous suivons le guide jusqu'à la sortie du coin pique-nique côté jungle. Il y a comme une petite plage en pente qui se termine sur le ruisseau, mais beaucoup plus haut que l'embouchure. Le ruisseau ici forme comme un bassin ceinturé de mangroves.
- Voyez ! vous descendez ici et vous suivez le cours du ruisseau. Vous verrez une première ouverture de la grotte. Ne prenez pas celle-ci. Continuez à gauche jusqu'à une autre entrée. L'eau vous arrivera jusqu'au cou avant d'accéder à l'entrée.

C'est à marée haute que nous nous présentons le lendemain matin, bidons en chaque main, pour cette virée dans la grotte. A l'endroit pique-nique, il y a du monde pour préparer un repas. Nous confions nos affaires à un type en lui disant que nous allons à la grotte.
Il y a beaucoup d'eau dans le bassin. Mon pied s'enfonce dans une vase molle. Pouah !
- Hervé, cela ne me dit rien d'aller dans cette vase.
- Ce n'est rien qu'un passage. Regarde !
Et le voilà traversant le bassin à mi-corps en s'enfonçant dans la vase du fond.
- Alors, tu viens ?
Bouh ! ce n'est pas plaisant, l'histoire. Je préfère me jeter dans l'eau et nager jusqu'à lui.
Après cette introduction, je mets un pied devant l'autre en me gardant bien d'appuyer. Mais le sol est maintenant plus ferme et l'eau ne monte qu'aux chevilles. En suivant les indications du malaisien, et après une autre plongeade du même genre, nous nous retrouvons devant l'entrée de la grotte. L'eau suit un boyau étroit qui plonge très vite dans les ténébres de la terre. Nous progressons lentement dans le conduit et découvrons très vite à la lueur de nos lampes un plafond bastravaillé de superbes stalactiques. Ici, c'est le silence de la pierre, l'obscurité profonde des entrailles de la terre. La lumière de nos frontales dévoile des merveilles sculptées patiemment depuis des millénaires par l'eau qui goûte d'en haut, toutes scintillantes de cristaux de quartz.
Ecouter ce silence, contempler ces roches anciennes aux robes de dentelle, admirer ses veinures coloriées, voir cette limpidité de l'eau.
 
Il faut souvent progresser en passant sous les stalactiques tout en trainant nos bidons. Quelle aventure ! A-t'on idée d'aller faire de l'eau dans un endroit pareil !
- Justement, c'est ça qui est bien.
- Tu parles ! trainer des bidons dans une grotte !
- comment trouves-tu l'eau maintenant ?
- Je pense qu'elle est claire. Je l'ai goûtée, elle n'est pas salée.
- Mais, nous allons prendre l'eau à la source.
- Enfin, ce n'est pas nécessaire. Cette eau-là est parfaite pour les besoins domestiques.
- Non ! on va plus loin.

Quand Hervé s'entête, pas question de résister.
- Attend ici, je vais prospecter et voir si la source est dans le coin.

J'attend. Enfin il arrive.
-Viens, je l'ai trouvée, ce n'est pas loin. Nous remplirons les bidons là-bas.
Ce n'est peut-être pas loin mais il y a tout un contour de stalactiques basses à effectuer. Puis il faut atteindre le bassin de la source en escaladant la roche. Sympa avec les bidons !

L'eau, bien sûr, est limpide ici. Les bidons sont vite remplis. Nous les ferons flotter tout le long du parcours de retour et n'aurons donc pas à les porter.

- Prête pour le retour !
- Oui !
- Passe à l'avant !

Nous reprenons le boyau avec nos bidons flottants, trois pour moi de 8 litres et trois pour Hervé de 10 litres chacun. Ca se passe bien; Cependant, je trouve que ce trajet de retour est bien long.
- C'est long, tu ne trouves pas ?
- Oui, et je ne reconnais pas les mêmes choses.
- Moi non plus ! et il n'y avait pas tant d'eau à l'aller, non plus. Ecoutes, on s'est peut-être trompé.
- Oui, je pense aussi. Laisse-moi les bidons et va prospecter.
- Ok ! éteins ta lumière pour économiser.

Et je pars seule dans le boyau. J'avance assez bien de l'eau à mi-jambe. Décidément, ce n'était pas si profond à l'aller. Plus j'avance, moins je reconnais les détails de la grotte. Puis, j'entend un sacré bruit d'eau. Ca alors ! c'est de l'eau qui arrive et non de l'eau qui sort. Ce n'est pas normal, l'histoire ! le boyau me conduit enfin devant une salle d'assez grande proportion; Je suis sûre maintenant que nous nous sommes trompés dans notre retour. Demi-tour !
j'avance bien mais mon short se déchire sur les aspérités des stalactiques basses. Enfin, je rejoins Hervé.
- Hervé, nous nous sommes trompés. Il faut faire demi-tour. Mais le mieux est que je retrouve d'abord la sortie.
- Ok ! je reste avec les bidons et je t'attend. Mets ta lumière en économique.
Ah ! oui ! les lumières. Si ça nous lâche, on est bon ! mais ce ne sont pas ces pensées là qu'il faut avoir dans cette situation. Je repars. En avançant dans le boyau, j'inspecte toutes les excavités. Aucune ne donne une issue. J'arrive enfin dans un espèce de grand bassin. A droite, le boyau se termine sur la muraille. A gauche, rien. Devant, en traversant le bassin, la roche forme comme une sculpture obstruant le boyau. J'y vais; escalade la sculpture et retrouve le boyau. Après un coude, subitement, apparaît le jour et l'entrée de la grotte. J'éteins ma frontale pour en être bien sûre. Oui ! pas de problème ! voilà l'issue !
Retour vers Hervé.
- J'ai trouvé la sortie ! Suis- moi !
Et tirant chacun la ficelle qui maintient nos bidons respectifs, nous nous retrouvons dans le grand bassin devant la sculpture. Il faut hisser les bidons un à un, puis les laisser glisser dans le boyau de sortie. On n'a rien sans rien.
La sortie ! ouf ! ouf !
- Alors, ce n'est pas une aventure ?
- Ah ! tu peux dire; on s'en sort bien.
- Et toi qui ne voulais pas venir au départ !
- Oui ! mais une fois dedans, on ne se pose plus de questions.

Il faut repasser par l'espace vaseux qui me dégoûtait à l'aller; j'envoie mes bidons vers la rive et plonge pour nager à leur suite. Enfin, fini !
Je me demande encore si le type qui était resté à l'endroit pique-nique aurait  donné l'alerte s'il ne nous avait pas vus revenir ? Et puis, je n'ai toujours pas compris où nous nous sommes trompés dans notre chemin de retour. Il n'empêche que l'aventure est toujours extra quand on s'en sort. Ce n'est pas la troupe de singes juchés sur un arbre, attenant le pique-nique, qui va nous faire peur maintenant !!!

21 décembre 2013

JOURS BLEUS A LANGKAWI

La planète des singes

Vent de Mousson assez soutenu quand nous quittons notre paradis aux trois îles. Pas question de mouiller dans l'anse de Singar Bésar peu protégée de ce secteur, pour refaire la provision d'eau douce , le barbecue et le linge.
Nous décidons alors de remonter sur Kuah et de mouiller dans une petite anse où, soit-disant, il y a un petit ruisseau d'eau douce qui se jette sur la plage.
Nous jetons notre dévolu sur la première anse qui parait contenir ce précieux filet d'eau. C'est marée basse. A l'approche, il semble bien qu'un cours d'eau enserre un promontoire sableux. En tout cas, l'ensemble est superbe : hautes falaises couvertes de jungle épaisse d'un vert émeraude tombant sur un long ruban de sable fin et doré. Personne ! à nous !

Nous mettons le dinghy et approchons à l'aviron juste à l'embouchure de notre filet d'eau. C'est bien cela. De l'eau douce !
Nous revenons au bateau pour prendre le linge et le savon. Pas de temps à perdre. Demain est notre dernier jour dans la sauvagerie des Langkawi.

Problème cependant, toute l'eau douce va prendre un bain de mer. Ca ruisselle sur le sable merveilleusement; mais on ne peut s'attarder à la poésie. Le linge veut un peu de profondeur pour son bain à lui. Un barrage s'impose entre les deux petites rives du ruisselet qui fout le camp. Hervé cherche des pierres pendant que je commence un barrage de sable.
- Je ne trouve aucune pierre valable. Elles sont trop grosses à transporter.
- Eh bien ! on continue avec le sable. Ca a l'air de marcher. Je peux t'apporter des branchages pour consolider.

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Notre barrage fait son effet. L'eau douce est contenue maintenant et augmente  le lit du ruisseau. Je me place dans un méandre où il y a plus de profondeur.
A la flotte, les draps, les effets et les torchons ! Zut! on a oublié la planche à linge. Eh bien ! ce sera à la petite pagaie de bois achetée à Brunei de servir de planche.
Au savon, Evelyne ! au barrage, Hervé ! pour rincer, c'est super, on lance le linge lavé dans le cours d'eau. Il flotte gentiment vers le barrage; Hervé s'en saisit, le tord et le met dans un seau. Ca va super vite !

Après la corvée, le repos ! je m'allonge sur la plage, à l'ombre d'un arbre et m'apprête à sombrer dans un  somme réparateur lorsque je m'aperçois qu'un singe s'est posté sur une branche juste au-dessus de ma tête. Le voyou ! nom d'une pipe ! Sacrebleu ! me déranger dans un moment pareil!
- Hervé, le singe ! prend la pagaie ! il faut l'intimider où il va sauter et nous prendre un de nos sacs.
Pourquoi faire, d'ailleurs ! un singe en caleçon d'Hervé ou en petite culotte d'Evelyne, ce serait certes drôle mais nous n'allons pas nous laisser faire.

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Ca marche pour tout, la pagaie de Brunei, pour le linge comme pour le singe ! il s'éloigne. Mais, oh ! horreur ! c'est pour regagner sa bande qui attend tout près le déroulement de l'opération. C'était un éclaireur, tout simplement ! il réussissait et la bande s'y mettait tout bonnement. On les a vus faire ailleurs.
- Evelyn, j'ai l'impression qu'il est temps de déquerpir.
- d'autant plus que nous avons tout le poisson à préparer pour le barbecue de ce soir;

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Il y a bien là une dizaine de singes dont des mâles qu'on aimerait pas toiser de près. Dés notre fuite, ils s'éloignent sur la plage. Nous avons atteint le bateau alors que la bande escalade les rochers de la pointe sud de l'anse.

21 décembre 2013

JOURS GRIS A LANGKAWI

Coups de vent au royaume des Aigles pêcheurs

Petite île dans l'archipel de Langkawi, à l'extrême bord de tout un groupe que ceinture un très bel ensemble d'îlots formant comme une mer intérieure.
Au moins là, pensons-nous, nous ne subirons pas la pression continuelle des pirogues à touristes qui, dés 9h du matin jusqu'à 5 le soir, vrombissent pour dégorger leurs passagers vers quelques curiosités, plage ou lac intérieur.

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C'est beau, ici. De suite on sent la présence unique de la nature, son silence, ponctué de cris d'oiseaux, de clapotement de mer, de bruissement de vent.  L'ile se creuse autour d'une petite plage d'où s'envolent deux aigles à notre approche. Nous mouillons dans 5 mètres d'eau, protégés du vent de NE par le rempart que forme l'île en s'incurvant vers la plage. Deux gros îlots, blocs de roche plutôt, coiffés de quelques arbres, donnent une protection du grand large.

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Le beau temps a fui les Langkawi depuis des lustres; le paysage est comme brouillé. Mais cette atmosphère de crachin n'est pas sans beauté. Peu de voiliers se sont risqués aux mouillages divers de cette zone sauvage. C'est l'avantage. Et là, enfin, nous sommes bien seuls.

A l'eau, le dinghy pour explorer les contours de l'île côté mer. Nous passons entre les rochers et nous accédons à un autre monde :

- Celui des aigles pêcheurs d'abord. Ils planent au-dessus des roches en nombre : 9 d'abord, 12 ensuite; Il y en a des noirs et blancs et des roux, les plus beaux. Ils plongent à la verticale, se saisissent du poisson avec leurs serres et repartent en battant de l'aile pour regagner l'altitude où ils trouvent le vent ascendant qui leur permet de s'élever en planant et de se poser sur l'arbre où se trouve la nichée. Beau, tout simplement !

-Celui du minéral : la falaise côté mer se dresse quasi verticale. Elle se casse en grandes tranchées qui avancent sur la mer, menaçantes, laissant à l'arrière comme des cavernes infernales, repaire de chauve-souris ou de petits oiseaux dont on récolte les nids pour en faire des soupes chinoises. La pierre, travaillée par la mer et les pluies s'égoutte de-ci, de-là, en gargouilles monstrueuses. L arbre s amuse a pousser a la verticale.

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Au retour, c'est marée basse. Stupéfaction ! Tout le devant de la petite plage est découvert et forme un platier menaçant qui se prolonge sous l'eau  très près du bateau. A l'inspection, au dinghy, ce n'est guère réjouissant. On peut taper la roche avec la petite pagaie à une dizaine de mètres de notre mouillage. C'est que nous n'allons pas pouvoir rester ainsi. Le moindre coup de vent dans la mauvaise direction nous propulsera sur ces zones noirâtres.

Levée de l'ancre. J'avance le bateau le long du rempart rocheux en m'éloignant de la petite plage dangereuse. Il faut essayer de garder une protection du NE. Ce sera certes moins bien qu'auparavant;
 Il y a du fetch venant des hautes falaises de l'île Dayang Bunting où nous étions au mouillage auparavant. Et, il y a plus de courant. Le temps est très mitigé mais le vent dominant ne souffle pas trop fort. Une nuit, et c'est bon.

Et bien non, ce n'est pas bon du tout ! pendant la nuit, nous essuyons un sacré coup de vent. Les rafales qui dévalent les hautes falaises de l'île Bunting se font successives. ZBOUM ! ZBOUM! Zboum ! A leur passage, le vent hurle dans les haubans en sons aigus qui vous déchirent les oreilles,  le bateau s'ébranle et tire résolument sur son ancre. Il commence à chasser, de quelques cm mais, c'est à craindre car il chasse vers les deux rochers qui bloquent la pleine mer.
Leurs masses sombres dans ce ciel sans lune se chargent d'hostilité.
A l'écran de contrôle, on voit bien la dérive du bateau mais nous ne sommes pas encore aux limites extrèmes. Nous décidons de tenir jusqu'à l'aube. Hervé assure la veille;
Avant l'aube, il est allé se coucher; A la première lueur, après contrôle de l'écran, je sors comme une flêche pour découvrir tout proches ces foutus rochers. Il n'y a plus place à l'hésitation.
- Hervé, vite ! on fout le camp.
Nous remontons l'ancre dans le vent furieux avec facilité et nous revoilà libres pour affronter les éléments. L'aube se fait plus présente. Nous sommes au milieu d'une nasse de rochers traversée par de forts courants, avec le vent contre qui ralentit notre allure. Soudain, au milieu des rochers trois bateaux de pêcheurs sont là, contre une muraille, à l'abri du vent. Les hommes sont comme abrutis par la nuit qu'ils ont passée. Nous essayons de mouiller à côté d' eux. Mais l'espace du mouillage est trop réduit, les courants trop forts et nous préférons repartir pour rejoindre notre ancien mouillage sur l'île Bunting,  peut-être moins abrité des rafales mais plus franc. Au passage, nous rencontrons un petit bateau qui s'est mis aussi à l'ancre derrière un monticule, on lui fait un signe, il ne répond pas, lui aussi doit être trop fatigué de sa nuit.
 
Ile Bunting. Nous nous sentons plus en sécurité. La chaîne est donnée au maximum. Les rafales se suivent mais nous tenons bon et si nous reculons c'est sur la pleine mer. Pas de souci ! un voilier vient nous rejoindre au mouillage.

Le surlendemain, il fait un temps superbe. Nous refaisons un tour en dinghy pour photographier les cavernes et les gargouilles de notre petite île.

Nuit qui suit, coup de vent à nouveau. Nuit quasiment blanche. Au matin, le voilier qui était devant nous au mouillage est bien derrière.
Il n'empêche que c'est fatiguant tout ça. On est obligé de se planquer tout le temps. Retourner à Kuah, au "mur des lamentations" du célèbre "Royal Langkawi Yacht Club", trés peu pour nous.

L'aigle qui plane sur ces îles sauvages nous a pris dans les serres de sa magie. Puisse t'il y attraper un peu de beau temps maintenant !

10 décembre 2013

MALACCA STRAITS FIN

TRIBULATIONS DE PAPADJO A LANGKAWI

Vous vous souvenez de la superbe photo d'Hervé en maillot de choc dans Malacca Strait VI ?
Il tenait dans ses mains un filet juste dégagé de l'hélice.


Nous étions encore à des milles de Langkawi, juste avant l'escale de Penang, c'est dire !
Eh bien, ce foutu filet avait fait des siennes, sans que nous ne nous en rendions compte. En effet, le moteur a bien répondu jusqu'à ce que nous arrivions à Langkawi après notre escale prolongée de Penang.

A Langkawi, nos amis canadiens nous avaient réservé une place dans leur marina au nom très pompeux de "Royal Langkawi Yacht Club" où nous étions serrés comme moules sur un bouchin avec vue directe sur les voisins et surtout sur le "mur des lamentations" du coin, un énorme brise-lâme formé de pieux en béton joints bout à bout. Trois jours dans cette atmosphère, cela vous donne une sacrée envie de décamper même s'il y a piscine, imposant Yacht club etc......
Et c'est ce que nous faisons le jour même où nos amis partent pour la Thailande; Nous gagnons le mouillage devant la ville principale de l'île, Kuah, avec vue, mais très distante sur le fameux mur. Il est prévu de compléter notre shopping et de rejoindre nos amis.

Jour de départ : Hervé remonte les 5O mètres de chaîne au guindeau petit à petit, pendant que je brosse l'ancre qui s'est gainée de boue. Cela nous prend bien du temps. Quand enfin l'ancre décroche, je pars aux commandes, mets en prise pour dégager le bateau du mouillage.
 Point ! rien ! pas un pouce ! pas un centimètre ! Nom de Dious ! le bruit du moteur est normal. L'eau jaillit normalement. Mais, Saperlipopette, rien n'avance.
- Hervé, viens voir. Je n'arrive pas à avancer.
- Mets donc à fond.
- C'est déjà fait.
- Marche arrière.
- Déjà fait;
Alors il vient pour constater la même chose.
Le bateau, cependant, dérive sur son voisin.
- Eh ! il faut lancer l'ancre à nouveau.
L'ancre patiemment nettoyée !

Opération réussie. Maintenant, que se passe-t'il ? Hervé ouvre sur le moteur et voit immédiatement le problème : l'arbre de transmission n'est plus relié à la boite de vitesse.
Le filet ! le filet avant Pénang.
Que faire ? Nous envoyons un message à un copain, Jef, qui vit sur Langkawi depuis des années. Hervé part le rejoindre au resto qui regroupe à midi les franchouillards du coin. Je reste sur le bateau en veille. Nous n'avons pas pu mettre beaucoup de chaîne et les fonds sont instables.
J'attend mon Hervé pendant des heures. Je reçois enfin un appel téléphonique lapidaire :
- Evelyne, c'est Carole. Notez bien "ASTARTE"
- OK, je note, mais peut-être mon mari est-il avec vous ?
- Oui, oui ! je vous le passe.
Eh bien donc !
- J'ai trouvé du secours. Le mari de Carole, Jef, est meccano. Il vient voir le bateau demain.

Enfin Hervé arrive. Ce n'est pas tout à fait la soupe à la grimace.
- Eh bien ! tu en as mis du temps !
- Tu t'inquiétais ?
- Euh ! qui est-ce, cette Carole.
- Ah ! elle est charmante (super !). Tu verras ! c'est quelque chose !
Ok ! je ne lui demande même pas combien de cannette de bière il a dû boire avec les français. Il est évidemment très gai. Tant mieux, dans ces circonstances. Et après tout, il a trouvé quelqu'un pour nous dépanner.
- C'est Jef 1; il m'a de suite présenté à l'ami de Carole, un autre Jef, Jef 2 si tu veux. Jef 2 va venir demain voir le problème.

Lendemain. Jef 2 se pointe au quai des pêcheurs où nous amarrons les dinghies. Il a l'air sympa au diable ce garçon. Dans les quarante cinq. Un baroudeur de la mer qu'il a naviguée en deux tours du monde.
Hervé ouvre le capot du moteur et lui montre l'arbre de transmission.
Le verdict est net.
- Ah ! tu as pris une saloperie qui a bougé l'arbre.
- Oui ! on a pris un filet avant Pénang.
- Eh bien ! c'est ça, pas de doute.
Il y a deux boulons qui ont été faussés par le choc à retirer et deux nouveaux à replacer.
- Ecoute ! je viendrais demain faire le boulot. J'amène mon bateau au mouillage au cas où j'aurais besoin de mes outils et on fait l'opération.
Sur le point de nous quitter, Jef 2 nous déclare;
- J'ai l'impression de vous avoir déjà rencontrés.
- Comment s'appelle ton bateau ?
- Astarté.
- Cela ne me dit rien.
Nous passons à autre chose. Soudain Jef 2 nous parle des Fidji.
- Les Fidji, ah oui ! nous y étions aussi, à Savu Savu et puis à Vuda Point pour le départ.
- Vuda Point, c'est là où j'ai dû vous rencontrer.
- Mais, nous y sommes restés que le temps de la sous-marine-
Eh, soudain, je tilte !
- Mais par hasard, tu ne serais pas le type qui avait deux nanas sur ton bateau, une fidjienne et une française.
- Oui, c'est moi.
- Ah ! alors, je me souviens de toi maintenant; Tu étais le seul type sympa dans toute cette atmosphère de bateaux luxueux.
Et qu'as-tu fait de ta Fidjienne ?
- Elle est venue avec moi jusqu'ici. Elle a fait un beau voyage;
- Mais, tu n'avais pas les cheveux plus longs à l'époque.
- C'est Carole. Elle me les as fait coupés il y a deux jours.
- Mais, c'est pour cela que je ne te reconnaissais pas. Les cheveux !

Le lendemain soir seulement, "Astarté" arrive au mouillage avec sa figure de proue, Carole, très sexy, moulée jaune fluo pour le haut et petit short assorti pour le bas. Ca change de la fidjienne en paréo.
- hola, Papadjo !
- Hola, Astarté !
On se retrouve de suite sur "Astarté" pour l'apéro.
C'est que Carole, c'est une sacrée ! on ne perd pas de temps en préambule et on ne s'ennuie pas. C'est un jolie bout de femme, avec un caractère bien dessiné et une tchache d'enfer.

Jour suivant : opération moteur. Carole s'installe sur Papadjo pour l'internet. Pendant qu'elle pianote allégrement sur son ordi, les deux hommes s'activent auprès de ces fichus boulons. Hervé, la veille, avait réussi à en retirer un. Le deuzième est récalcitrant. Jef 2 décide de le forer. Le boulot est réduit en limailles. Jef 2 taraude à nouveau l'orifice et remet un autre boulon à la place.
Au bout de la journée, l'affaire est conclue. On fait les essais. Ca marche. Le bateau avance et recule normalement. Ouf ! ouf ! ouf !
L'apéro du soir est plutôt bienvenu et joyeux !
- Que faites-vous demain ?
- On fait le dernier shopping et on se casse ! et vous ?
- Nous allons rejoindre Jef 1; il a une fuite de gasoil dans le réservoir qui est dans sa quille et après nous irons à Satun et reviendrons ensuite ici.
On se reverra donc sur Langkawi un de ces jours. Merci Jef 1 et 2, merci Carole.

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Quant à nous, il n'est plus question d'aller rejoindre nos amis en Thailande. Le mauvais temps est tombé sur la mer des Andamans où ils sont; des bateaux ont été jetés à la côte. Ici aux Langkawi, le temps s'est couvert d'une chape de nuages. Il bruine quand nous partons vers les îles, nous planquer dans quelque baie protégée du Nord-Est, le vent de mousson actuel.

27 novembre 2013

MALACCA STRAITS VII ter

LA DAME BLEUE de PENANG

Rappelez-vous le film "Indochine" avec Catherine Deneuve qui jouait le rôle d' une femme assez libertine dans l'univers des grandes plantations de caoutchouc.

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La "Maison Bleue" de Pénang a servi de décor dans plusieurs scènes de ce film.
Cette célèbre demeure construite par le "Rockefeller chinois", Cheong Fah Tze, au 19em siècle selon les principes du "Feng Shui" attire d'abord par sa couleur bleu indigo qui tranche sur l'azur un peu délavé de Pénang.

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Ce chinois, débarqué sans un sou en Indonésie, à l'âge de 16 ans, va construire un empire énorme autour des banques, du textile, de la verrerie, du vin, des bateaux.....A sa mort, en 1916, Anglais et Hollandais implantés dans le Sud-Est Asiatique mettront les drapeaux en berne dans toutes leurs possessions pour honorer le vieux chinois.

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Cheong Fah Tze avait huit femmes. En ce temps-là, il était très commun pour les riches chinois de favoriser leurs liens commerciaux par des unions appropriés. Et également, une descendance nombreuse était toujours souhaitée pour assurer la transmission et l'administration des biens.
Ainsi Cheong avait choisi ses différentes femmes dans des endroits stratégiques.

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Une d'entre elles, la septième, du nom de TAN TAY PO, reste à part de tous ces calculs financiers et stratégiques. Cheong s'en éprit alors qu'il avait 70 ans et qu'elle n'en avait que 17. Ils eurent un fils. Jusqu'à présent, rien de très anormal pour cette époque et pour ces pays-là. Ce qui change, c'est quand on apprend que dans son testament, il ne fit qu'un seul legs, celui de la maison bleue à Tay Po et qu'il stipula que cette maison ne pourrait être vendue qu'à la mort de leur fils.

 

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Cheong fit en sorte de pourvoir à son entretien  mais c'était sans compter sur l'inflation. La somme allouée ne put suffire pour cette maison immense, forte de 38 chambres et de cinq cours intérieures, sans compter les dépendances pour loger le nombreux personnel. Quand le fils mourut en 1989, la "maison bleue" était en complète décrépitude.

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Alors, qui était cette fameuse TAY PO, la septième femme de Cheong ?
Une énigme.

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Dans ses portraits suspendus dans la maison, elle pose un regard d'une infinie tristesse sur les lieux. Elle n'a, en aucune façon, le faste vestimentaire des Nyonyas de l'époque.Elle est vêtue sans ostentation et porte des bijoux extrèmement discrets. Qu'elle est belle dans ce corsage blanc immaculé au col chinois finement traversé par un mince collier !  Ce n'est donc pas une arriviste, avide de démonstration, en proie à une compétition sévère avec les autres dames du coin. Elle, qui fut le seul amour authentique de Cheong, ce maître incontestable en bien des domaines, cet homme respecté par les plus grands, ce philantrope éclairé, ne tire aucun orgueil de sa position privilégiée.

Ce qui a attiré l'homme aux huit femmes- huit pour respecter les règles du Feng Shui -n'est sans doute pas la beauté effacée de la jeune fille mais sa noblesse de caractère qui se lit dans le regard profond, son intelligence et son équanimité.

Se reposer en elle de tout ce monde bruyant, avide et trompeur qui gravite autour de lui. Oublier qu'il est le maître incontesté dans le regard qu'elle pose sur lui. Oublier sa devise : Gagner de l'argent rapidement, le dépenser lentement, le gérer sagement.

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Comment l'a-t'elle vécu ? Si jeune et lui, si vieux déjà. Pourquoi s'est-elle résignée à cette union si fastueuse mais qui la condamnait à accepter dans son lit un corps déjà usé et dénué de beauté. Peut-on penser qu'elle a accepté l'amour de cet homme puissant comme un sentiment unique qui ne la dégradait pas mais l'honorait. Peut-être leurs coeurs furent-ils tels les deux oiseaux pris dans les entrelacs fleuris des superbes chaises de leur maison, symbolisant leurs sentiments si singuliers entre le Yin et le Yang.

 

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En même temps, la joie de sa jeunesse s'est enfuie et a laissé place à cet incommensurable tristesse qui se lit dans son regard lui donnant sa profondeur et sa noblesse comme ce bleu indigo qui couvre la demeure qui fut son foyer.

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Les deux maisons de Penang, la "Peranakan Mansion" aussi bien que la "Blue Mansion, ont ceci en commun, qu'elles ont abrité, l'une comme l'autre, à peu près à la même époque, deux femmes dont on ne sait rien ou presque mais qui ont donné leur âme à ces demeures.

La première Lady incarne la munificence de cette époque révolue des "Péranakan"; Tay Po, "la dame Bleue", cette noblesse et cette sagesse qui dépassent les temps.

Ces deux maisons  n'ont connu leur splendeur que du temps de leurs bâtisseurs, ces richissimes chinois que furent Capitan Chung Keng Quee et Cheong Fah Tze. Leurs descendants n'y attachèrent pas l'intérêt de leurs pères. Elles ne durent leur restauration et leur faste d'aujourd'hui qu'à de mains étrangères.

 

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26 novembre 2013

MALACCA STRAITS VII BIS

LES DEUX LADIES DE PENANG

Il est de ces rencontres qu'on ne soupçonne pas mais qui éveille votre curiosité et votre imagination.
C'est au 3em jour de notre escale de Pénang que nous allons rencontrer la première de ces dames.

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Nous partons de bon matin pour rejoindre le débarcadère des pêcheurs,  Avant d'y accéder, on amarre le dinghy à une structure très ajourée en plastique noire et jaune de forme carrée qui flotte. Ca ne vous dit rien, bien sûr ! Disons que dès que vous mettez le pied dessus, vous pensez à bien vous tenir sur la rambarde de ce machin et à progresser en vous jurant de ne pas tomber entre les jours de ce truc flottant car c'est tomber dans l'eau noirâtre et nauséabonde qui vous entraînerait dans des fonds vaseux d'où vous ne pourriez plus ressortir, du moins à marée basse.

Et, ce n'est pas fini. Il faut ensuite enjamber sans s'y prendre dedans les filets ultra fins des pêcheurs sur un ponton en béton, puis se hisser sur un gros plôt instable en plastique pour mettre un genou sur le fameux débarcadère qui vous amène à terre, un vieux truc aux planches toutes disjointes hissé sur des pieux brinquebalants enfoncés sur de la vase épaisse.
Il y a mieux comme introduction à Pénang "la perle de l'Orient".
Et surtout, ne faîtes pas comme moi, ne vous faîtes pas jolie dans un pantalon blanc !!!!

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Sur la terre ferme, on traverse une enceinte réservée aux pêcheurs et aux oiseleurs.
"Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux"
" Regardez comme ils sont tous beaux".
Hélas, nous ne pouvons les libérer ces jolis oiseaux qui sautillent sur une seule petite branche dans des cages certes dorées mais minuscules.
Après, nous rejoignons l'arrêt bus entre les murailles des condominiums et nous partons pour 20 mn de buildings aussi hauts que laids pour la ville historique.

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CIRCULATION DES TRISHAWS DANS GEORGETOWN

C'est là, ce troisième jour, que nous croisons dans la rue notre première dame. Elle attire toute notre attention tirée dans un trishaw (chaise à porteur), vêtue d'un sarong de soie dorée et d'une jaquette de fine batiste entièrement brodée de fleurs stylisées. Une apparition ! je suis clouée sur place, presqu'au milieu de la rue,si bien que le trishaw a bien du mal à m'éviter et même s'arrête pour me laisser le temps de m'écarter. A peine va-t'il reprendre sa course que cette belle dame lui donne ordre de se mettre à ma hauteur. L'Apparition me sourit et dans un anglais parfait me tend une carte de visite :
- Vous viendrez bien chez moi prendre le thé cet après-midi, vers 16h ?
Elle n'attend même pas la réponse et le Trishaw reprend sa course.

_ Hervé, tu as vu ?
- Oui, mais j'ai eu peur que tu ne te fasses renverser par le trishaw.
- Regarde, elle m'a donné sa carte et invité chez elle.
- Donne-la moi que je repère où cela se trouve.
- C'est marqué "Peranakan mansion",29 Lebuh Church. Il y a un nom chinois, Chung Keng Kwee.

D'une boutique donnant sur le trottoir où nous sommes sort un homme d'un certain âge.
- C'est une dame Nyonya qui vient de vous inviter, Madame. Elle habite une très belle maison. Vous avez bien de la chance.
- Nyonya, qu'est-ce-que cela veut dire ?
- Très simple. Les Chinois qui se sont implantés et enrichis sur l'île de Penang depuis la colonisation anglaise sont appellés ici des "Babas" et leurs femmes des "Nyonya". Cette dame que vous venez de voir est très connue à Penang. Vous verrez !!!
Et il éclate de ce rire chinois dont on ne sait s'il est d'ange ou de cochon.

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Georgetown est faite de petites rues appelées soit "Lebuth" soit "Jalan". Depuis le festival de 2012, les murs de la ville ont fait l'objet de décorations très humoristiques, soit en fer forgé, soit en peinture. C'est un plaisir que de les découvrir au hazard des ballades et de se faire photographier devant. Un certain Ernest Zacharevic, peintre londonien, tout comme un peintre local, Louis Gan, s'y sont donné à coeur joie pour figurer de diverses manières les jeux des petits enfants, à bicyclette, sur une balançoire, au basket..... Les supports de ces peintures murales ont l'originalité d'être réels; Ainsi, la bicyclette sur laquelle les deux enfants s'éclatent de joie n'est pas peinte. Elle est juste posée sur le mur. Tout comme la chaise sur laquelle un garçonnet se hisse pour atteindre un trou dans le mur ou la potence et le basketball  vers lesquels deux petits enfants se hissent pour engager un ballon.

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C'est charmant tout cela. Nous nous faisons indiquer la "Lebuh Church" et progressons à travers le quartier indien haut en couleurs et en parfums entêtants.De temps en temps la circulation des Trishaws se ralentit.

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j'ai moi-même l'impression que mes jambes se traînent tant nous enchaînons les Jalan et les Lebuth.

- Hervé, et si nous prenions un de ces trishaws ?

- Tu n'as pas honte ! jamais, je ne monterais là-dedans ! profitez de la sueur des hommes !

 

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- Mais enfin, regarde ! c'est leur boulot, leur gagne-pain ! ils y en a plein qui n'ont pas de clients.

- Vas-y si tu veux !

Ah ! c'est très malin. Comme si j'allais m'aventurer toute seule sans savoir si mon mari allait arriver à la même destination que moi, dans une ville inconnue, pleine de Lebuth et de Jalan.

 

Et nous arrivons enfin devant une superbe demeure à colonne peinte en vert pâle avec une porte d'entréé toute ciselée d'or. Bigre ! Hervé a ses crogs couleur de vase et je n'ai pas pu regarder toutes les coûtures de mon pantalon blanc pour savoir où elles avaient pris du gris.
Qu'importe ! nous n'allons pas déroger à cette invitation aussi charmante qu'impromptue.

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Apparemment, l'entrée se fait sur le côté. Il y a des gardes à la grille. Mais nous ne sommes pas tout seuls. Il y a foule dans la cour d'accès et même un guichet. Driandre ! qu'est-ce que cela eut dire ?
Je présente la carte de visite et reçoit en échange deux billets d'entrée plus une guide qui se précipite vers nous avec un grand sourire. On croit rêver !

Notre guide nous introduit dans un patio central d'où s'élance un étage à partir duquel se déploit tout une série de salles somptueusement meublées et décorées.

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- Cette maison noble a été construite à la fin du 19em siècle par un millionnaire chinois, Kapitan Chung Keng Quee. Il fait partie de ces "Straits Chinese", appellés aussi les "Peranakan" qui ont formé une communauté unique à Pénang, en mélant les coûtumes chinoises et malaises tout en étant fortement influencés par la culture occidentale.

 

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Ceci se retrouve au niveau du language, de la cuisine et de la mode vestimentaire et de l' apport de divers matériaux importés du Royaume-Uni.

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Tout cela est magnifique. Mais où est cette mystérieuse dame qui nous a invités ici ?
Enfin, nous rentrons dans une pièce où sont exposés des portraits de famille. Le fameux chinois y est représenté avec sa femme en habits traditionnels. Et ensuite, divers portraits de jeunes filles richement parées.
- Les Nyonyas étaient célèbres par leurs bijoux. Regardez celle-ci, c'est la plus richement décorée.
Nous nous tournons vers le portrait désigné. Stupéfaction ! c'est la dame au trishaw. Impossible d'en douter.

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- Mais qui est-elle ?
- On n'en sait rien. Peut-être une malaise de haut rang qui a épousé un fils de la famille. Vous verrez d'ailleurs d'elle un autre portrait avec son époux.

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Notre dame trône en majesté. Elle porte une tiare sur ses cheveux bruns relevés en chignon et sur son manteau de cérémonie en brocart richement brodé s'étagent des colliers  de diamants et des broches inombrables en forme d'étoile. Chacun de ses poignées est enserrés de multiples bracelets scintillants de diamants tout comme chacun de ses doigts. Mais elle n'est pas timoréé du tout  et ne semble pas porter cet attirail avec emprunt. Elle pose tout à fait naturellement et vous regarde avec présence et distinction.

Et on ne sait pas qui elle est !!!

Nous passons dans une chambre à coucher où le lit à baldaquin est recouvert d'étoffes précieuses. Sur un cintre, à y jurer, le sarong à fil d'or et la jacquette en batiste richement brodée de notre dame au Trishaw.

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Que dire ! rien !  puisqu'on ne sait pas qui elle est ? une chose est sûr maintenant, c'est que c'est une dame du temps passé.

Arrivés la salle à manger de cette vaste demeure, notre guide se tourne vers moi :
-Vous accepterez bien une tasse de thé, Madame.
Mais pour sûr, c'est pour cette invitation au thé que nous sommes venus ici.

 

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24 novembre 2013

MALACCA STRAITS VII

A PENANG ENTRE SINGES ET GRATTES-CIEL.

5°25'N/100°20'E

Enfin, nous arrivons à Pénang où nous devons rejoindre nos amis canadiens, Tony et Connie, venus en ferry de Langkawi pour faire un visa pour la Thailande.

L'île de Penang jouit d'une position stratégique dans le détroit de Malacca. Ce fut un carrefour commercial d'importance au moment de la colonisation britannique. Un certain capitaine Light y aborda en 1786 et y établit un comptoir pour contrebalancer ceux des hollandais en Indonésie avec l'aval du Sultan de l'époque qui obtenait en contrepartie protection contre ses ennemis.

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Les terres y étaient marécageuses et porteuses de malaria. Light eut l'astucieuse mais cruelle idée de les faire nettoyer par des coolies chinois en  bombardant littéralement les eaux marécageuses de pièces de monnaie d'argent chargées dans la gueule des canons de son navire. Combien sont morts à la cueillette ! Cela semble ne pas avoir beaucoup d'intérêt pour l'histoire.

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Il en est resté tout de même de ces chinois qui ont réussi par leur travail et leur habilité à traiter avec les anglais à se hisser dans la société, à faire venir leurs congénères. Pénang devint leur île plutôt que celle des malais. Ils y bâtirent des temples somptueux et regroupèrent leurs clans en sociétés secrètes.

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Le clan des KHOO à l'heure actuelle.

Quand les anglais préférèrent s'installer à Singapour, ils laissèrent l'île en location aux chinois. Penang devint alors le tripôt de l'Asie, avec ses bordels et ses fumeries d'opium, enrichissant considérablement certains chinois tout en expédiant beaucoup au cimetière.

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LE TEMPLE KHOO KONGSI

L'île a acquis son indépendance en 1957 et fait partie maintenant de la fédération de Malaisie. Georgetown, sa ville historique, est classée au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2008 et connait depuis un véritable renouveau culturel et touristique.

Nous abordons l'île par le sud et passons par un premier pont tout nouveau et non répertorié sur nos cartes- qui relie Penang au continent malaisien sur quelques 34 km de long !!!


Nous nous dirigeons immédiatement après ce pont vers l'île de Jejewak, qui longe l'île de Pénang et fait face à la grosse ville moderne hérissée de gratte-ciels à quelques milles de Georgetown, la ville historique.

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Nous progressons lentement pour trouver un mouillage adéquat. Les profondeurs sont variables. Une très jolie baie ceinturée de plages et de rochers prolonge de sa couleur de sable et d'eau bleue la muraille de jungle qui s'élève sur les collines. Allez, c'est bon sur 7 mètres de fond !

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Nous mouillons à environ un mille d'un petit débarcadère de pêcheurs.  Mais qu'importe ! nous sommes bien chez nous dans cette baie et l'oppression de la ville moderne ne nous y rejoindra pas.

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On prend un café dans le cockpit et de suite, le regard est attiré par des mouvements sur la plage. Une bande de singes s'y agite. C'est fou ce qu'il y en a. Peut-être une quinzaine. Les plus gros ont des allures de félins. Ils ne sont pas les seuls d'ailleurs à investir les lieux. Un énorme lézard que je prend pour un crocodile, se déplace lentement et lourdement pour disparaître ensuite dans les hautes herbes qui bordent la plage. Bouh ! ça me parait craignos, cette jolie plage ! je ne me vois pas du tout en situation de marcher sur le bout de queue de ce monstre. Et pour le bain, merci beaucoup, car au fil des jours, on en verra des congénères de ce reptile, plus petits certes, mais dans le même genre assurément, avec la langue qui se lance et se rétracte, aller faire trempette sur le bord et aussi plongette un peu partout. Alors, imaginez un peu. Vous y allez dans votre petit maillot. Vous pensez que c'est une algue qui vous chatouille et vous voyez apparaître un ignoble reptile. Il y a de quoi s'évanouir sur place. Très peu pour moi ! je le dis tout de suite à Hervé.
-Cette plage, c'est trop sauvage. Je n'irai pas.
- Mais tu es folle, ce ne sont que des singes !
- Oui ! et qu'est-ce que tu fais des lézards géants ?
- Enfin ! si tu ne veux pas y aller, moi, j'irais tout seul.
Eh bien voyons, vas-y, mon capitaine ! no problem !

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En face de toute cette sauvagerie, à un mille donc, il y a la jungle de la ville moderne, supermalls, gratte-ciels en désordre dans l'espace. Et au milieu , sans chercher du tout à relier ces deux mondes si différents, les aigles pêcheurs, blancs aux ailes bleu-gris, qui planent en cercles de plus en plus menaçants  sur leurs proies aquatiques. C'est beau jusqu'à ce qu'ils se groupent sur les arbres de l'île et fassent entendre leurs cris de satisfaction ou d'appel semblables à de vulgaires coincoins de basse-cours

Le décor est posé. C'est ici que nous allons vivre une bonne dizaine de jours.

13 novembre 2013

MALACCA STRAITS V

COMMENT VISITER L'ILE DE PANGKOR SANS LE SAVOIR ET COMMENT DANSE-T'ON LE "MACAQUARIBO" ?


Surtout, ne vous adressez-pas à une agence de voyage ! faîtes comme nous ! Vous arrivez à la voile par le chenal sud entre le continent et l'île de Pangkor avec le courant qui vous pousse au nord, bien sûr. Vous détournez de suite vos yeux de la superbe nouvelle marina inserrée dans un condominium de luxe qui vous servira le même menu que les autres marinas : pontons, piscines sophistiquées et salle de gym.


Et vous avancez en découvrant une à une les baies de l'île, encerclées de rochers et tapissées par la jungle des collines. En cherchant votre mouillage, vous passez les villages de pêcheurs où les bateaux s'encastrent dans des rateliers comme des chevaux avant la course. Curieux bateaux. Du jamais vu. Ce sont comme des chateaux flottants, de toutes les couleurs, avec leur tour d'observation et de commande nichée très haut au-dessus des étages d'habitation.

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Mais tout cela ne donne pas d'endroit où mettre l'ancre. On vit au feeling dans ces instants-là.

   - Regarde, là-bas ! après les rochers. Il y a moins d'habitations  et comme une baie.
- Oui, peut-être. Ca correspond bien avec la carte.

Nous parons un alignement de rochers qui s'avancent sur le chenal et délimitent  une baie assez spacieuse cerclée d'un ruban de sable, de quelques maisonnettes de pêcheurs et d'un petit chantier naval. C'est tout bon cela. Reste à voir les profondeurs.
- Hervé, pas de problèmes. J'ai du 7 en constant. Tu peux aller à l'ancre.
Et nous voici  à distance respectueuse des rochers et pas trop loin de la berge tout de même.

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- Pas besoin du moteur pour la barque. On fait ça aux avirons.
- Tu crois ?
- Sans problème.
Il faut faire confiance au capitaine breton pour lequel la marche à la godille ou aux avirons n'a pas de secret. Ce sera pour demain, cependant.
Ce soir, on se sert deux verres de notre "liquide-vaisselle" et nous nous installons dans le cockpit pour observer les allées et venues des bateaux-châteaux qui vont ou reviennent de la pêche. Ah ! ce n'est pas dans la marina trucmachin qu'on pourrait voir tout ça. En plus, le spectacle est gratuit, Msieursdames !

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Le lendemain, mise à l'eau de notre barque "Nénette". C'est qu'elle s'est bien reposée celle-là depuis Bornéo et aussi depuis que nous sommes partis de Danga Bay/Johor, nous n'avons trouvé aucun intérêt à aller à terre.  Nous sommes à l'étal et c'est sans difficulté que nous accostons près du petit chantier naval. La nénette est hissée sur la plage et amarrée à un arbre. Nous cachonsles avirons dans une maison en ruine et  rejoignons les hommes du chantier qui nous indiquent un sentier conduisant à la route.

Ah ! c'est que nous nous retrouvons sur du bitûme, mais du bitûme en pleine jungle; Et si nous ne le savions pas, les singes qui se balancent sur les gros cables électriques au-dessus de nos têtes nous le font vite sentir.
- Ah ! tu as vu....les singes.
- AH ! mais attend ! tu vois celui-ci. Il avance sur nous.

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Il s'agit d'un mâle et son allure n'a rien de rassurant; On se souvient de suite des attaques de mâles au parc de Bako sur l'île de Bornéo. Et là, c'est plus délicat avec ce zig juste au-dessus de nos têtes. J'en ai comme mal à mes cheveux, nom d'une pipe ! Hervé, pire, car il se souvient d'un singe sur le rocher de Gibraltar qui avait investi, sa tête d'abord, ses épaules ensuite.
- Hervé, allons vite chercher des bâtons !!

Et je cours de mon côté. Je me saisis d'un gros gourdin; Hervé de son côté a trouvé un bon bâton. Et nous nous rejoignons tous deux. On brandit nos bâtons vers le macaque. Ah ! ça ne lui plait pas trop ! comme qui dirait, il a moins d'allant. Il rejimbe à avancer maintenant. Disons plutôt qu'il repart sur son cable, la queue entre les jambes et le reste de la troupe a compris qu'ils ne danseront pas le "macaquaribo" sur nos épaules en nous cherchant des poux dans la tête.
Ouf ! ça va mieux !

Tiens, un panneau de signalisation. La ville est dans 3km. Pas de problème ! on est armé et on a besoin d'exercice après tous ces jours de mer sans débarquer. Mais le passage de petits minibus roses remplis de péquins ranime les auto-stoppeurs faigneants que nous ne cessons d'être.
-ça irait plus vite !
Lapallisse en aurait dit autant !

Au troisième minibus, nous voici embarquer pour la ville, du moins, le pense-t'on!!!!

                                                                                                 
ALLONS A L'AVEUGLETTE


Dans notre minibus, il y a une petite famille d'Indiens de Malaisie : le père, la mère et leurs deux ados, fille et garçon.
Nous pensons que tout ce monde se rend en ville comme nous. Le chauffeur nous dit que tout d'abord il va s'arrêter ailleurs. Nous ne comprenons pas trop mais c'est ok.
Défile un premier village de pêcheurs. Puis, le minibus bifurque et s'éloigne de la route principale. Nous sommes tout sourire et prêts à tout après les singes. Quelle n'est pas notre stupéfaction quand le minibus passe sous un portique genre dolmen aux pierres décorées et stoppe le véhicule au beau milieu d'une douzaine d'autres minibus roses dégorgeant des touristes chinois, Indiens et Malais devant un temple chinois peinturluré en tous sens et étageant ses toitures en pagode sur une colline.

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Nom de Dious, on ne s'y attendait pas à cela. On nous fait comprendre dans un mauvais anglais qu'on nous reprendra après la visite pour nous emmener en ville. Il suffit de repérer notre tribu indienne. OK ! OK !
Nous commençons à comprendre que ces minibus roses sont affrêtés par des petits groupes pour la visite touristique de l'île.
Ok ! Ok !

Ce temple chinois n'est certes pas des plus anciens et des plus beaux. Son bassin constitue le point le plus intéressant. Y nagent dans très peu d'eau d'énormes poissons très épais, d'au moins deux mètres de long au milieu des traditionnels poissons rouges ou blancs. Les femmes malaises, toutes voilées, aux longs habits difformes et bariolés tout comme les chinoises en mini short ou jupette et les indiennes en sari,  s'absorbent dans la contemplation de ces poissons spéciaux. Nos indiennes, elles, sont modernes sans exhibition. La jeune fille porte un T.shirt blanc sur un jean orange bien coupé. Sa mère n'a rien de traditionnel non plus à l'exception du troisième oeil bien rouge au milieu du front.

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En Malaisie, ce contraste entre les Malaises musulmanes, les Indiennes Hindouistes et les Chinoises libérées est toujours saisissant. On dirait que ces dernières en font d'autant moins que les autres en font plus. Les petites malaises sont voilées comme leurs mamans. Et on se dit qu'elles vont passer leur vie entière dans cette barricade qu'est le voile alors que les garçons malais, eux, sont vêtus à l'occidentale. Sympa, les mecs !!!!                      

Nous commençons à sympatiser avec notre petit groupe. Le chauffeur arrive avec notre minibus et en avant pour la ville. C'est ce que nous croyons ! Et bien, non ! nous nous arrêtons devant un fortin en briques rouges datant de l'occupation hollandaise, il y a environ 400 ans. Dans un pays qui a peu de vestiges anciens, ce fortin constitue un summum d'ancienneté.

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Le chauffeur va s'arrêter un peu plus loin devant deux rochers monumentaux donnant sur une petite plage pour nous montrer le dessin gravé d'un dauphin , gravé par qui ? par un hollandais du temps de Louis XIV bien sûr ! AH ! c'est suprême. Nous allons expirer !! n'empêche qu'on s'y fait très bien, à ces temples chinois peinturlurés, à ces fortins en ruine et à ces rochers historiques. Continuons la balade ! c'est ce que nous faisons comprendre à la petite famille en lui disant que nous participerons aux frais. Le chauffeur, de suite, nous fixe le prix. Et en avant pour le reste !Le minibus redémarre et cette fois-ci se gare en ville devant un restaurant indien, bien sûr. Nous avons 45 minutes pour apaiser notre estomac avant qu'il ne nous reprenne.

Les Indiens et nous faisons maintenant table commune. Ils sont en vacances sur l'île; Autrement, ils habitent à Port Klang d'où nous venons en bateau. C'est sympa, on peut déjà parler de lieux que nous connaissons. Nous nous présentons réciproquement. Il nous reste en mémoire que le garçon de quatorze ans s'appelle "Krishna". Facile ! quant aux autres prénons, nous les oublions aussi vite que nous les avons entendus.

Notre chauffeur nous reprend comme prévu. Où va-t'on ? il semble que nous sortons de l'agglomération principale. Et oui, nous prenons le large maintenant. Une plage apparait luxuriante. Une autre. C'est bien beau tout cela. La route serpente le long de la mer parmi la jungle. Nous débouchons sur une grande plage cernée par des campings et des petits complexes hôteliers. Le minibus s'arrête. Tout le monde descend.
- Notre hôtel est là. Mais vous pouvez retourner en ville avec le minibus si vous le voulez.
- Oh ! merci ! mais nous allons rester un peu sur la plage;
Nous payons tous le chauffeur et nous nous séparons en remerciant cette petite famille qui nous a permis cette visite de l'île à l'improviste.

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A nous la plage maintenant. Il n'y a que des touristes de Malaisie ici. Les indiens et les malais se baignent tout habillés. Les chinois arborent des maillots de bain, bien sûr. Les malaises, tout engoncées dans leurs habits difformes, s'amusent comme de petites folles à chevaucher les flôts dans un espèce de gros canapé en plastique bariolé tracté par un speed-boat. Elles sont obligées de sauter dans l'eau avec leurs longs voiles quand le tour est fini. Savoir comment elles vont faire sécher tout cela ou se changer... C'est une énigme.

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En fait, tout le monde est éjecté à l'eau sur ces bateaux rapides qui font la navette entre les îles également. Un groupe de jeunes chinois en jeans venant avec un canot se jettent à l'eau pour permettre au canot de se mettre à sec. Incroyable, mais vrai ! le canot débarrassé de ses passagers fonce à tout allure sur la plage. Le conducteur, au dernier moment, lève le moteur et propulse le canot sur dix mètres sur le sable sec. Ca s'appelle "se mettre au sec aussi sec !" je crois.

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Comment est-on revenu sur le bateau ? avec un minibus rose, évidemment !                                                                                                                                                  

13 novembre 2013

MALACCA STRAITS VI

FESTIN ROYAL SUR LA ROUTE DE PENANG. 04°46'42/100°22'50

Nous quittons notre charmante baie pour une navigation de deux jours qui va nous mener à Penang.
Il y a environ 70 milles à faire. C'est trop pour une journée avec ces foutus courants et ces vents faibles. Ainsi, nous avons décidé de nous offrir à nouveau un mouillage forain au milieu de nulle part. Ah ! ce n'est pas souvent que nous rencontrons ce genre de navigation. Fort heureusement !
A nouveau, debout à 5h du mat pour prendre le courant de marée. Le chenal de sortie entre Pangkor et le continent n'est pas simple. Il y a pas mal de roches et de hauts fonds. Nous nous en sortons bien et parons le dernier promontoire de ce chenal alors que le paysage s'éclaire aux premières lueurs du jour. A nouveau, le ronron. Le courant est si fort qu'il nous porte à 6nds sans pousser du tout le moteur.

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Nous arrêtons la navigation à mi-parcours lorsque justement le courant s'inverse et rend cette navigation encore plus pénible. Hervé a repéré des zones de moindre profondeur où nous pourrons ancrer entre 6 et 8 mètres. Tout ce qu'il nous faut. Dès que nous rentrons dans la zone, j'ai l'oeil scotché sur le sondeur. Enfin nous avons une bonne profondeur en constant. Allons-y pour les 50 mètres de chaîne !
Ce plateau est une zone de pêche. Nous ne serons pas seuls. Il est courant dans ce détroit de Malacca que les petits pêcheurs restent la nuit autour de leurs filets sur les plateaux. Mais pour l'instant, on ne voit âme qui vive à l'horizon.
Il est vers les 3h de l'après-midi. C'est bon pour faire la sieste dans le hamac installé dans le cockpit. Tiens ! en accrochant le hamac, que vois-je, flottant à l'arrière du bateau, des bouts de filet. Hervé rapplique.

- Tu vois ce que je vois ?

- Il faut que je plonge voir ça tout de suite.

On n' est jamais tranquille. Allons-y pour faire passer le maillot ou plutôt l'espèce de truc trouvé sur le marché de St Antonin par notre belle-fille et qui sert de slip-maillot de bain -voyez le genre- palmes, masque.....

- Pas besoin de tuba. J'y vais en apnée.

Il plonge et me demande de suite son couteau.

- Il y en a ?

- Oui ! et pas mal, tu verras.

En effet !

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C'est qu'il n'est pas heureux, notre capitaine. Un peu plus et on se faisait un remake des "tribulations de Papadjo autour de Singapour".

Je me remets dans mon Hamac. Bruit soudain de moteur.
- Evelyn, il y a un pêcheur qui vient sur nous.
- Oh! il va nous éviter tout de même et ce n'est certes pas nous qui pouvons l'intéresser.
Eh bien non ! on a tout faux. Le pêcheur vient pour nous, expressément.
Il se rapproche. Nous ne voyons d'abord que deux hommes encagoulés pour se protéger du soleil. Ils ne bougent pas; Puis, le bateau stoppe à notre hauteur.
- Mais qu'est-ce qu'ils veulent, MdameBondieu !


Le patron sort de sa cabine et nous hèle en anglais. Ah ! c'est qu'on a de la culture dans les parages.
- Vous avez des problèmes !
- Non, non, merci ! c'est juste que nous mouillons ici pour passer la nuit.
Le patron remet à la route quand Hervé le rappelle.
- Peut-être auriez-vous du poisson pour nous ?
- Ah oui, bien sûr ! envoyez moi un seau !
Le bateau se met presqu'à couple. Il y a un tas de poissons que trient les deux hommes encagoulés. On fait passer le seau. Le patron commence à nous montrer sa pêche en ouvrant ses grandes glacières. Ouh ! une glacière pleine de langoustines plus longues que mon majeur !
- Vous en voulez !
- Oui ! oui !

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Rien qu'à les voir, on salive d'avance. Il en met une bonne douzaine dans le seau. Le voilà maintenant qui ouvre une autre glacière. Des crabes qui s'y font la bagarre.
- Vous en voulez !
- Oh oui, oui !
Ca devient le festin. On imagine de suite la maillo qui va accompagner tout ce beau monde.

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Et maintenant, il ne nous demande plus rien. Il ouvre d'autres glacières et remplit carrèment le seau avec une dizaine de soles, quelques raies et une dizaine de gros rougets.

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- Eh ! nous ne sommes que deux. C'est bon, comme ça. Combien vous doit-on pour tout cela ?
- Non, non, c'est pour vous.
- Attendez, nous voulons vous payer tout de même !
Le type nous regarde en souriant. C'est niet ! il ne veut rien; Son plaisir, c'est de nous donner le poisson. Alors, nous aussi, on lui sourit très grand. Comme c'est sympa de sa part.
Merci ! merci !
Il démarre son bateau et nous, nous faisons des grands signes d'adieu.
Et nous confirmons notre dicton : on n'est jamais seul même au milieu de nulle part.

Nous avons des kilos de poisson et de fruits de mer. Un sacré boulot en perspective pour conditionner tout cela.

Et en avant cocotte pour la première partie, crabes et langoustines ! Il faut chercher la méga cocotte minute logée sous ma couchette car la plus petite ne pourra pas contenir tous les crabes. On cuit tout ensemble, crabes et langoustines. Ce soir, il n'est pas question de se rationner. N'empêche que nous en mangerons pendant trois jours.

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Mais le suprême du suprême, c'est le lendemain soir au mouillage de Penang avec les soles préparées à la meunière. Un délice qu'on ne peut pas décrire ! Hervé en déguste 5 et moi quatre, jusqu'à plus que plus faim !
Pendant ce temps, la méga cocotte est encore de service pour cuire en court-bouillon les raies et les autres poissons avec des pommes de terre; Ce n'est que vers 11h du soir que la cuisson s'arrête. La cuisinière est vannée. Mais, quel bonheur !

Ah ! nos amis, si vous aviez été tous là, nous aurions eu la joie de manger ça ensemble !!!

10 novembre 2013

MALACCA STRAITS IV

PORT KLANG   -     ILE DE PANGKOR/LUMUT
03°6'N/101°18'E    04°16'/100°33'

NAVIGATION DANS LES RAFFINERIES

Ah ! comme c'est romantique la côte ouest de la Malaisie ! superbe cette ligne ininterrompue de côtes basses et ennuyeuses ! odorantes à merveille ces raffineries qui marquent le paysage de leurs ferrailles blanches,  ces ports pétroliers aux fumées noires qui s'avancent sur la mer.

En plus de ça, on a la joie de se lever de plus en plus tôt pour attraper le bon courant de marée. 5h du mat, sans petit déj qui pourrait alourdir l'estomac, munis de nos talkies-walkies pour la remontée de l'ancre, on ouvre nos yeux éblouis dans la nuit noire.
Nous avons trouvé bien ce système de correspondre. Plus besoin de Gueu....ler pour se faire entendre. Soft ! soft !

On aborde ainsi la journée en douceur dans le ronronnement constant du moteur. Chouette, le moteur !une vraie navigation de bonheur !
- Hervé, là, nous avons un petit vent pour nous. Et si on le coupait un peu !
- Comme tu veux ! mais ce petit vent ne nous fera faire que du 3nds et quelque à la voile. Quand on n'aura plus le courant pour nous, on tombera à 2nds et on n'arrivera jamais au mouillage. Comme tu veux !
- Bon ! juste une petite demie-heure ! -
- Vas-y !

Ah ! comme ça fait du bien ! là, on a vraiment l'impression de naviguer ! Hou !
Eh oui ! il a piétrement raison, notre captain ! nous n'avançons pas assez. Du 3,5 alors que nous étions entre 4,5 et 5, tout à l'heure. 20 minutes et on remettra le "ronron".
Et c'est parti pour la journée.

Aujourd'hui, nous devons atteindre Port Klang dans un enchevêtrement de canaux où sévissent de forts courants. Intérêt d'être à la montante pour atteindre le mouillage prévu situé près du canal nord qui nous renverra le lendemain dans la direction de Lumut.

 

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Et voici, l'entrée du chenal bien balisé et le superbe paysage bleu que nous dessert le port Sud des Klang, portiques de grues alignés à ne plus voir, cargos de tous pays sagement saucissonnés les uns après les autres. Impressionnant tout de même ! il y a deux cargos français de la CA-CGM
dont l'un se dégage des quais manoeuvré par trois remorqueurs; Ah ! c'est tout de même beau à voir. Mais ne perdons pas le cap et surtout l'attention dans ce chenal très visité : vedettes rapides de la police maritime, petits pêcheurs, barges, gros cargos montant et remontant;
Ce chenal Sud est interminable !

 Enfin on arrive à la fourche où se trouve le port nord, aussi bleu et interminable que le port sud et aussi le chenal où nous allons chercher un mouillage.
Après une petite pointe, nous trouvons de bonnes profondeurs pour ancrer mais quel peuple déjà sur place : barges, remorqueurs, cargos..... On se met un peu à l'écart de ce beau monde, de façon à éviter au maximum en cas de coups de Sumatra ou d'orages intempestifs.
Au fait, on n'en a pas eu bcp de ces coups de Sumatra ou de ces orages accompagnants qui devaient nous rendre les nuits infernales. A l'exception d'une nuit dans les îles du début, près de Singapour, tout a été super calme, jours comme nuits d'ailleurs. On devient caramélisé comme les pirates, c'est dire !

Ah! comme ça fait du bien d'avoir fini sa journée !
- Intérêt à bien nous éclairer ce soir !
- Oui ! intérêt !
De toutes façons, pour la nuit, Papadjo est visible même aux aveugles ! clignotants verts et rouges à l'avant, lampe gueularde blanche néon dans le cockpit.
Nous prenons notre "liquide vaisselle" et assistons in live aux manoeuvres savantes de mouillage des nouveaux arrivants. Ah ! c'est passionnant ! un remorqueur vient aider un cargo en attente à se mettre à une bouée, une barge avant nous. La grosse vedette blanche de la police maritime malaisienne se met à couple de la barge. D'autres gros se pointent maintenant dans l'obscurité
ambiante, s'agglutinent autour des barges tenues par les bouées. Le ciel est de plus en plus noir, zébré à l'horizon par des éclairs fulgurants. Mettons le tuyau de récupération d'eau de pluie !  ça tombera peut-être cette nuit.


EN ROUTE SUR LE GRAND SUPERMARCHE DE LA MER POUR LUMUT PAR L'île ANGSA ET LA RIVIERE SUNGAI

Cette fois-ci on attend le lever du jour pour dégager du mouillage; nous ne sommes pas les seuls. La police et un cargo quittent les lieux. A nous de parer la petite pointe avec le courant puis de prendre le chenal nord qui longe le port nord pour nous amener vers la sortie des Klang et une petite île, île Angsa, à environ 17milles où nous irons mouiller très tôt et passer la nuit éclairés par son phare.

Le courant est avec nous et nous porte à 5,5nds. Pas de vent comme d'hab et le "ronron" solo. Avec le courant, nous avons un échantillon complet du supermarché de la mer. C'est qu'ici, on est riche en tout.

- Collection de tongs en tout genre et toute taille. Elles sautillent sur les eaux, solitaires. Il n'y a plus qu'à choisir sa pointure dans l'échantillon qui passe, sachant qu'il est unique et qu'en faisant 20 milles de plus, on ne pourra même pas trouver la paire. On ne peut donc marcher qu'à cloche-pied sur la mer maintenant contrairement aux Ecritures.

-Un choix énorme de bouteilles plastiques labellisées, représentant des marques d'eau de boisson, d'huile et de jus de fruit sans oublier le célèbre coca.

-emballages plastiques divers allant des pop-corns au sac de riz; Tiens une série de paquets de kleenex qui fait croisière.

- l'industrie n'est pas en rade par rapport à l'alimentaire avec des plaques d'isolant bien jaune qui servent d'îles flottantes aux rares oiseaux du détroit, avec des blocs de feraille inquiétants qu'on prendrait presque pour des lorgnettes de sous-marin.

- Il reste les objets non identifiables. Des bouts de çi et de ça. Importants cependant car nappant les eaux entre le reste, apportant la touche difforme et hideuse qui porte injure aux flôts. Car cela fait certainement longtemps que ces détritus circulent dans leur plastique dégradé et leur carrière de navigateurs solitaires est promis à bel avenir sur nos eaux polluées.

- Et tout l'attirail du bon pêcheur. On peut se servir gratis en bouée, filets et j'en passe.

Ca, ce n'est que la surface. Bien que l'opacité de l'eau les défende, les pernicieux gros et épais plastiques qui bloquent les hélices donnent d'eux un aperçu sinistre de temps en temps. Ah ! celui-là est passé à côté ! Ouf !

Imaginons maintenant le fond de mer ! cela a dû changer depuis des lustres le paysage des crabes et des langoustes.

Et le ramassage des poubelles de la mer ? Qui s'en occupe ?
A coup sûr, les filets des pêcheurs, les hélices des bateaux. Mais c'est trop de travail pour trop de détritus.
On a voulu donner notre petite contribution en mettant notre ligne à l'eau. On a vite ramassé du plastique et même une de nos lignes s'est cassée net sur un gros paquet de déchets. Depuis, on n'essaie plus.

C'est à l'île Angsa que nous mettons fin à la tyrannie de la courroie de l'alternateur. Depuis notre départ, elle grinçait comme un violon mal accordé. Déjà qu'il fallait supporter le "ronron", ça, c'était de trop et Hervé lui coupait le mauvais sifflet dès que nous avions assez chargé pour les batteries.
- C'est peut-être parce qu'elle n'est pas assez serrée !
- Pourtant Lawrence l'a serrée avant que nous partions et elle a déjà fait la chanson.
- On peut toujours resserrer et voir.
Nous nous y mettons. Hervé soulève l'alternateur pendant que je dessère les boulons avec une clef à pipe.
- Maintenant, arrête ! Vas-y, ressère ! encore ! laisse maintenant, je vais finir !
Nous verrons demain si le remède est bon.

MOUILLAGE DE NUIT DANS LA RIVIERE SUNGAI

Nous sommes partis à 5H30 du matin, encore ! on devrait dire comme les Philippins : seulement !
Toute une philosophie de la vie qui tend à l'optimisme.
Petites voiles et "ronron" obligé. Ah ! la courroie ! matée, la garce !

Nous arrivons en fin de journée sur le plateau des 5 mètres pour nous engager dans le long chenal qui mène à l'embouchure de la rivière Sungai où nous passerons la nuit, mieux abrités que d'habitude. Le plateau est très fréquenté par les bateaux de pêche, petits et gros et dans ses parties de hauts fonds, Il est planté de piquets à perte de vue.  Bouh ! ne pas dévier de la route pour faire sauter une maille du tricot !
C'est long cette remontée vers l'embouchure ! le courant s'est inversé et la vitesse s'est réduite. Il etait temps d'arriver lorsque nous choisissons notre mouillage, à l'abri d'un rideau de grands arbres, dans 5 mètres de fond. Il y a un sacré passage dans la rivière avec tous les bateaux de pêche qui rappliquent maintenant. Intérêt à bien se signaler !
Demain, départ dans la nuit pour Lumut, comme d'hab !

10 novembre 2013

MALACCA STRAITS III

LES PIRATES DE MALACCA.

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C'eut été tout de même étonnant de ne pas les rencontrer. Nous faisons tant de mouillages forains qu'à la fin, on ne pouvait que tomber sur ces pirogues de malfrats.
Et bien, à l'issue d'une journée entièrement moteur, sur mer d'huile et soleil de plomb, nous voici près de la côte avant le coucher du soleil. Enfin, plus ce ronron désagréable mais il est vrai utile dans ces zones sans vent à 1° de l'Equateur. Hervé jette l'ancre avec le guindeau qui remarche. Il suffisait de changer la connection interne près des batteries alors qu'il s'escrimait à chercher le défaut au niveau du guindeau lui-même. Ah ! ca, c'est un bruit agréable que le guindeau qui marche et mon pauvre Hervé n'aura plus les 5O mètres de chaîne à remonter demain.

On se sert un "liquide vaisselle" c'est-à-dire un drink non alcoolisé, concentré d'orange allongé à l'eau fraîche du frigo. Ah ! c'est loin du petit Ricard ou du Caipirhinia mais c'est ainsi depuis la France et les kilos qu'elle nous a calés dans les mauvaises parties du corps. Autour de nous, la mer lisse, quelques maisons de pêche sur une côte s'étirant dans sa platitude.

Soudain, une barque sort derrière un alignement d'arbres. Elle s'arrête bien vite. Un homme lance une bouée avec son fanion. Il n'est pas tout seul dans la barque. On pense de suite à des pecheurs bien sûr. La barque se dirige maintenant franchement sur nous à toute vitesse. Chouette ! on va pouvoir leur demander du poisson. Nous avons fini le poisson congelé acheté à Port Dickson  et la moqueca de crevettes est un lointain souvenir. La barque arrive à hauteur de notre babord pointant dangeureusement sa proue recourbée. 7 hommes à bord, à l'apparence redoutable. Il ne leur manque que le poignard à la ceinture. Visages caramélisés, chevelures en désordre, yeux noirs et perçants, immenses bouches dévorantes, sourires carnassiers et avec ça, grands et costaux. Dieu du Ciel ! surtout ne pas montrer que nous savons que ce sont des pirates. Faire comme ci, parler de poisson. .
-Fish ? Fish ?

Ils n'en ont pas bien sûr. L'étrave de leur barque menace; Bouh ! il faut sourire, surtout. Etre bien décontracté et montrer ses droits; On fait un petit signe pour qu'ils mettent de la distance avec leur barque. Les 7 faces nous dévisagent. En Papouasie, on aurait eu peur du cannibalisme.

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Soudain, un qui semble être le chef consulte un gps et donne le signal du départ. Ils partent à fond la caisse. Ouf ! ce n'est pas nous qui les intéressons, mais le rail des cargos tout proche. Ils ont sans doute voulu nous sonder et voir si on pouvait être une menace pour eux.

Nous les voyons s'éloigner, planter soudain un autre fanion de pêche - ah ! les malins, ils font semblant - puis fuir à l'horizon alors qu'un garde-côte avance à toute vitesse dans leur direction. Ca prend des allures de cinéma et on observe à la jumelle jusqu'à ce que nos pirates disparaissent  totalement. Zut ! les gardes-côtes ne prennent réellement pas le bon cap pour les rejoindre. Enfin !
-Tu penses qu'ils vont revenir ici ?
-Je n'en sais rien.
- Peut-être ce n'est pas bon de rester la nuit dans les parages ?
- Eh bien ! on ne va pas changer maintenant.

Après tout, si on les avait vraiment intéressés, l'abordage du Papadjo eut été très facile avec nous deux désarmés comme nous le sommes.
Une demie-heure après, barque à l'horizon.
On se saisit des jumelles. Nom d'une pipe, serait-ce à nouveau nos pirates ! oui, ce sont eux et ils foncent sur Papadjo. Ma Doué Béniguet ! je n'ai même pas le temps de changer le petit haut très décolleté que j'arbore sur un petit short pour les chaleurs de Malaisie. Ils sont là, tous les sept, les mêmes avec leurs yeux brillants et leurs sourires carnassiers; nous n'avons pas le temps de nous mettre en situation que le chef sort un énorme poisson de sa glacière rouge.
- Vous le voulez ?

Nous regardons les 7 hommes. Il faut nous persuader et vite fait maintenant que ce sont d'authentiques pêcheurs et non des pirates. Gros sourires pour relacher la tension.
- Hou ! un peu gros. Nous ne sommes que deux.
Il extirpe un autre poisson dans les deux kilos bon poid.
- Celui-là est parfait. A combien  le vendez-vous ?
Et s'engage un marchandage hilarant entre nos "pirates" et nous. Nous sommes tellement heureux et soulagés qu'ils auraient pu nous demander le prix fort.
Bon pour la "Bouillabaisse des Pirates" ce soir ! Pardon, pour la bouillabaisse des pêcheurs !!!

Aujourd'hui nous avons pris les pêcheurs pour des pirates. Qu'en sera-t'il vraiment lorsque nous prendrons les pirates pour des pêcheurs !!!!

9 novembre 2013

MALACCA STRAITS II

De Johor Barhu/Singapour à Cap Rachado/Port Dickson
1°28'.45N / 103°43'.35E                2°28N / 101°50E

DEPART ET PREMIERS MOUILLAGES.
 
A marée haute, le 20 octobre, Lawrence et un couple de français sont venus désamarrer le Papadjo. Captain Tintin et son épouse étaient venus juste avant pour un saludo d'amigos.

Ca y est nous sommes largués. Nous dépassons allégrement la marina, les complexes énormes qui se construisent sur le strait, reposant sur du terrain gagné sur l'eau à grand renfort de sable déversé par des barges géantes qui travaillent jour et nuit. Et nous prenons le lit du strait avec d'un côté, la jungle de Singapour et ses gardes-côtes, immobiles, à l'affût du moindre écart que l'on pourrait faire pour dépasser l'invisible frontière que Singapour a avec la Malaisie sur le strait. Passé le pont qui enjambe les deux pays, on met à la voile  pour gagner l'eau libre en parant les cargos amarrés dans l'embouchure du strait. On connait bien cet endroit -à lire les tribulations de Papadjo- et on ne désire pas du tout, mais pas du tout s'y attarder.

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Le but de la journée est de gagner un mouillage pas du tout protégé en dehors des straits.
On se rend compte qu'il y a tout de même quelque chose qui cloche dur. Et surtout le lendemain quand nous gagnons le second mouillage, plus protégé celui-là, les îles Pisang. On a tout contre : le vent et les courants. Impressionnant ! souvent, on avance à un seul petit noeud. Nom d'une pipe, on a parlé de tout et de rien, sauf des courants.

Arrêt aux îles Pisang, bien jolies. Enfin de l'eau à peu près propre. Hervé décide de plonger pour nettoyer à nouveau le Papadjo. Je fais de même mais dans la documentation nautique pour découvrir que nous ne devons remonter le Malacca Strait qu'à marée descendante; Ca ne fait pas très logique mais c'est pourtant le cas. Nous avions tout faux les deux jours précédents.
Comme Hervé a tout faux avec le guindeau qui ne veut pas remonter les 4O mètres de chaîne malgré tout le soin qu'il lui a donné au ponton. Et Ho hisse, Captain ! A ton bras courageux !!

Après les îles, nous sommes bien dans le vif du sujet. Voici le rail, impressionnant avec tous ces cargos qui se suivent à un ou deux milles de distance, les longues barges tractées par les pousseurs, les chalutiers et les petits pêcheurs. Mais il y a tout de même de la distance pour naviguer avec Papadjo sauf quand on quitte un mouillage de nuit près de la côté et qu'on doit zigzaguer pour éviter les filets des petits pêcheurs. Ils sont là, comme s'ils vous attendaient, en ligne verticale les uns après les autres, immobiles devant le drapeau qui signale leur filet, filet qui s'étend considérablement. Bien sûr, Papadjo, dériveur intégral, peut passer dessus sans problème. Mais gare au pêcheur qui veut vous faire croire que vous avez endommagé son filet et réclame illico une compensation.
- Hervé, il vaut mieux gagner le rail que de continuer en oblique ainsi. On va faire que ça, rencontrer ces filets. Tiens, un autre à nouveau.
- Quoi ! tu veux rallonger la route ! déjà, nous n'avons pas de vent et le courant se fait contre.
Et on évite le dernier.

 

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Mouillage sauvage près de piquets qui servent de piège à poisson. Le coucher de soleil est superbe sur ces étendues d'eau tranquille et un pêcheur revient justement du piège à poisson. On le hèle. A-t'il quelques poissons pour nous ? Le type s'approche, on lui tend un seau qu'il remplit de crevettes et de poissons lune; super ! quand on sort le porte-monnaie pour le payer, il refuse. Combien de fois n'a-t'on pas été pris d'admiration pour cette générosité des petits  pêcheurs !

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Au repas de ce soir, moqueca de camarao, comme au Brésil- mijotée de crevettes aux épices et au lait de coco, servie avec du riz; Hum ! un delicio !
Ca, c'est la vie de mer comme on aime. L'imprévu ! la beauté de la mer aux derniers rayons du soleil et le petit pêcheur qui revient avec sa pêche et vous l'offre, comme un cadeau des Dieux pour vous, passant les océans.

MALACCA ET LE GRAND VOILIER BLEU.

Nous faisons route aujourd'hui sur Malacca, le célèbre comptoir portuguais qui a donné son nom au détroit. Normalement, les bateaux ne s'arrêtent plus là car la seule marina qui pouvait les accueillir s'est depuis ensablée ! Du large, ca ne paie pas de mine, mais il parait que la ville ancienne est fort interressante; Le mouillage donné ne nous inspire pas du tout, si bien que nous sommes prêts à repartir quand, après consultation de la carte, nous voyons que nous pourrions nous abriter derrière une petite île toute proche. Il y a du fond pour son approche et nous pourrons mouiller dans 5 à 7 mètres. Et nous nous engageons.

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Au loin, un voilier qui semble au point mort entre deux cargos. Il semblerait maintenant que le voilier se dirige vers nous à grande vitesse. Tiens ! Et c'est vrai. C'est un énorme bateau bleu marine, pratiquement le double du nôtre avec du peuple à bord, pardi ! Il porte un nom italien quelque chose comme une femme de mauvaise vie, un nom lugubre. Ils arrivent à notre hauteur et de suite virent de bord pour faire route avec nous? Tiens !

Les profondeurs sont bonnes, 7 mètres en constant. Ce quillard n'a rien à craindre en nous suivant.Mais il a le tord de se placer à notre babord à une dizaine de mètres de distance où les fonds sont moindres.
- Tu vas voir, Evelyn, ils ne peuvent pas, avec leur tirant d'eau, continuer ainsi
 La petite île est pourtant là avec son air accueillant. Et comme l'avait prédit Hervé, le voilier bleu, soudain, s'arrête, vire de bord et prend la direction du port.

AH ! comme  c'est bête, car où va-t'il mouiller maintenant ? On a vu combien c'est risquou dans le coin avec des hauts fonds partout dans la baie.
Et nous sommes déjà ancrés alors qu'on peut voir le grand voilier bleu cherchant de ci, de là où poser son ancre. Il disparait dans les infrastructures du port; Il a dû trouver un fond convenable, sans doute.
Et nous l'oublions !!!

Mais, lui, ne nous oublie pas. Le lendemain, à l'aube, nous partons pour rattraper la descendante et le courant qui va avec. Direction Port Dickson ou s'il n'y a pas de vent, un mouillage à l'abri du cap Rachado. Très tôt, un voilier apparait et aux jumelles, on voit que c'est le voilier bleu. Vue sa taille, la puissance certaine de ses voiles et moteur, pour sûr, il va nous avaler comme le requin un petit poisson. Mais, non ! incroyable ! il vient mais reste toujours sur notre bord et à petite distance de nous. Et nous ! nous avançons sous voile, petit, petit, dans les 3 nds. Lui, a déployé un bout de génois.  
- Et si nous allions au mouillage du cap Rachado puisqu'il n'y a pas de vent du tout ?
- Alors, changeons de cap !

Le cap Rachado est en vue, assez impressionnant dans cette côte malaisienne qui étire en longueur sa platitude. Le voilier bleu se cale immédiatement dans le même cap que nous.
- Tiens ! le voilier prend le même cap que nous maintenant.
- Je te dis qu'il fait la même chose qu'à Malacca, il nous suit.
Bizarre !! un voilier de cette envergure ! suivre un petit Papadjo ? C'est peu croyable !

Le cap est bien en vue maintenant mais se fait sentir une bonne brise qui gonfle nos voiles. Du 3, on passe au 5. Nom d'une pipe ! ça fait du bien ça !
- Evelyn, tu veux toujours aller au mouillage !
- Que non ! on va se la prendre cette brise, même si ce n'est pas pour longtemps. Au moins, elle nous fera passer le cap sans problème.

Nous sommes alors à 5 milles du Cap et donc à 15 milles de Port Dickson.
Changement de cap pour parer le Rachado qui est défendu au large de sa pointe par une bouée! le voilier bleu continue  vers le mouillage jusqu'à ce qu'il se rend compte de notre changement de direction. Mais voilà, il est maintenant trop bas pour parer le cap Rachado. Il a toujours le bout de génois. C'est malheureux tout de même, avec les belles voiles qu'il doit avoir ! maintenant il réagit et à fond la caisse, il prend un nouveau cap, génois et moteur, nous remonte sur notre babord et peut-être un peu vexé, nous double et prend bien l'avant. Nous ne sommes pas les seuls; Un first 40 s'amuse, toutes voiles dehors à dépasser tout le monde. Ils sont gités à mort dans la brise qui forcit. Et ça forcit, diable ! nous n'avons plus le temps de nous occuper de qui que ce soit.
- Et si on réduisait ?

Ca, c'est une phrase qu'on a pas entendue depuis longtemps. Réduire alors que jusqu'à présent c'est plutôt affaler et mettre au moteur.
Nous sommes à douze noeuds de vent, voiles toutes. Le Papadjo gîte. Hervé va au mât et prend un premier ris.

On passe à 14-15-16 noeuds; C'est trop. Il faut réduire à nouveau. Le First est en train de pulvériser la bouée du cap. Le voilier bleu qui a marché bon train au moteur, semble immobilisé au niveau de cette bouée. Son génois est enroulé.
- Mais qu'est-ce-qu'il a ? regarde ! il a quitté son génois et ne bouge plus. Il s'est peut-être pris un filet.

Nous marchons maintenant avec trois ris dans la grand voile. Il a fallu ramener diablement le génois en lui laissant son mouchoir. Et nous sommes trois quarts arrière; La joie !Heureux car nous avons retrouvé tous nos réflexes dans les manoeuvres de voile. Et nous voici à hauteur de la bouée et du voilier bleu.
- Mais qu'est-ce qu'il fait ici, Bon Dieu ?
- Il nous attend.

Aussi incroyable que vrai, il nous attend. Car dès que nous le passons, il reprend la route avec nous, au moteur seul, dans cette mer agitée maintenant, là où l'on sait que la voile est supérieure au moteur.
Il faut parer les hauts fonds du Cap Rachado avant de virer pour rejoindre Admiral marina près du Port Dickson. Le voilier bleu nous suit maintenant sans chercher à se mettre sur un de nos bords. Il a remis une partie de son génois. Enfin, nous sommes à hauteur de la marina. Nous virons.
Mais le voilier bleu n'est plus dans notre sillage.
-Regarde ! il est parti. Il prend la pleine mer.
- Mais, c'est fou, ça ! c'est fou !

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A la marina de Port Dickson, un voilier de 66 pieds est attendu. Je reconnais son nom qui est affiché sur le tableau. C'est notre voilier bleu.
- Vous attendez ce voilier ?
- Oui, ils nous ont envoyé un mail pour réserver pour trois ou quatre jours.
- Eh bien ! je doute que vous les voyiez un jour.

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