Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les aventures du Papa Djo
Derniers commentaires
22 août 2011

L' Evêque aux pieds nus.


Oyez, bonnes gens ! il y a eu la comtesse aux pieds nus et c'est maintenant l'Evêque qui vous salue.

Nous sommes à Honiara, capitale des îles Solomons sur l'île de Guadalcanal célèbre lors de la dernière guerre américano-Japonaise.
C'est dimanche et nous rejoignons les anglicans de la capitale pour l'office du jour. Il est huit heures du matin. Foule attend à l'extérieur de l'Eglise, endimanchée et silencieuse. L'office de 7h vient de se terminer et nous regardons les fidèles à leur sortie pour prendre immédiatement la relève.
Cet office de 8h est très spécial car il est consacré à l'investiture d'un nouveau pasteur par l'évêque de l'Eglise anglicane mélanésienne, Monseigneur John Cooper en personne.
Vous allez vous imaginer avec ce nom un grand type efflanqué avec deux colts à la ceinture. Et bien non, il n'est pas du tout de ce style. Mais il n'a pas encore fait son entrée et on ne peut encore vous le décrire. Patientez !
Oui, car vous allez d'abord être ébloui par le cérémonial qui va se dérouler devant vous :
A peine sommes-nous installés, Elvis chez les hommes, Evelyn, du côté féminin, qu'arrive une procession de 18 enfants de coeur (pas un de moins), tous vêtus de chasubles blanches immaculées sur de longues robes rouges. Ils s'ordonnent par âge, les plus petits, ou petites, formant la queue.
Les jeunes filles comme les petites arborent des chignons de danseuses bien serrés sur le haut du crane et si on regarde vers le sol, on peut voir les robes s'arrêter un peu au-dessus des chevilles comme un volant écarlate à plusieurs niveaux précédant tous les pieds  nus.
Chaque enfant de coeur va se munir d'un chandelier en bois sculpté  et incrusté d'éclats de nacre, selon la tradition du pays. Ils vont alors,chandeliers allumés, former une longue ligne devant l'autel et l'immense peinture murale qui dépeint avec beaucoup de couleurs et de réalité, l'Eglise initiale et actuelle autour de la croix centrale du Christ crucifié. On peut y voir les apôtres mais aussi les saints et les évêques  Mélanésiens.
Puis, deux par deux, les enfants de choeur vont ressortir pour aller
chercher les officiants, la plus petite à la fin avec son chandelier presque plus grand qu'elle.
Puis parait un garçon d'une quinzaine d'années, vêtu de même façon escorté par un tout petit bout de chou, chignon, robe rouge et chasuble blanche, avec dans ses menottes comme la lampe d'Aladin. Il est vrai qu'elle détient un trésor : l'encens. Et on se croirait presque, mais presque, comme à St Jacques de Compostelle. Car le jeune va faire tourniquer l'encensoir dont il est muni avec une dextérité surprenante sous les yeux attentifs et concentrés de la petite. Ca y est, nous sommes, tous, et vous avec nous, encensés; C'est merveilleux, non !
Le jeune fait ensuite tourniquer l'encensoir vers la sortie suivie cérémonieusement de la petite et va revenir pour précéder le corps des enfants de coeur, toujours rouges et blancs, suivi des pasteurs en longues chasubles blanches ornées de pans verts. Ah ! cela a de l'allure, nom de Dious !
Mais attendez ! ce n'est pas fini tout ça. Monseigneur John Cooper fait son entrée par une porte latérale à l'autel. Incroyable ! il porte une cape dorée à la façon de Michael Jackson. Va-t'il se trémousser à la faveur de l'encens qui est alors abondamment diffusé en sa direction ? Non, d'abord, il n'a pas le physique d'un cow-boy ou d'un chanteur américain.
C'est un pur mélanésien, peau sombre, petit, trapus et bien stable sur ses pieds nus. Car c'est un évêque, à n'en pas douter par la superbe mître dorée qui est la sienne, c'est un évêque aux pieds nus ! Ah ! ça alors ! Evelyn ne s'y attendait pas. Va encore pour les enfants de coeur, les officiants, mais l'Evêque ! C'est superbe cette humilité dans les pieds que contredit tout cet apparat dans les robes, les chasubles, les capes et les mitres.
Bravo ! nous devrions aller dans nos soirées parisiennes ou provinciales, robes sophistiquées, décolletées, avec nos petons tous nus, comme des enfants de choeur, comme des évêques mélanésiens, juste pour dire que nous ne perdons pas notre simplicité !!!

Mais cet évêque, même s'il a les pieds nus, n'a pas l'esprit vide. Il va nous faire un sermon très inspiré sur la bénédiction divine, moitié en excellent anglais, moitié en Pidgin pour bien se faire comprendre de l'assemblée. On oublie les cow-boys, Michael Jackson. On découvre un grand de l'Eglise.
Le nouveau pasteur avec à ses côtés sa femme et ses trois enfants est intronisé dans ses charges par l'Evêque lors d'une émouvante cérémonie. Puis viennent les speeches. Nombreux, il fallait s'y attendre. Impossible pour Elvis et Evelyn de s'échapper. Ils sont trop visibles, étant les seuls blancs de l'assemblée. Evelyn va piquer un peu du nez quand elle sent qu'on la regarde. Nom d'une pipe ! qu'est ce qui arrive ? On lui tend un micro. Et ça recommence. C'est la bienvenue ! Alors oui, elle est contente de dire que cette cérémonie était magnifique, qu'elle n'oubliera pas certaines paroles de L'Evêque (il est tout content d'ailleurs d'entendre cela), qu'Elvis et elle sont heureux d'être avec le peuple des Solomons comme ils l'ont été avec les Vanuatais.....
C'est fini. La sortie se réorganise avec les 18 enfants de choeur, rouges et blancs, les officiants, tout blancs, l'Evêque tout doré. Ils sortent en procession  et tout naturellement, comme si on se connaissait, tendent la main et à Elvis et à Evelyn. Ca c'est de la bienvenue à la Mélanésienne.

Oyez, oyez, bonnes gens ! gardez toujours les pieds nus et l'esprit sain !

Publicité
Commentaires
C
Michael Jackson...<br /> Elvis...<br /> ehehehehe... les pieds nus et l'esprit sain... J'ai aimé!
Les aventures du Papa Djo
Publicité
Archives
Publicité